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Strasbourg — Nuit du 23 au 24 septembre 2008

24 septembre 2008

Je suis arrivé en fin d’après midi.

Sommes le 23 septembre, mais le paysage qui a accompagné mon trajet était celui d’un printemps vert éclatant. Aucune trace d’automne sur ce chemin, dans cette trouée vers l’est.

Sorti de la gare, c’est cette même joie de vivre printanière que disait la légèreté la fraîcheur de l’air et du soleil. Envie de présent.

À un détail près. Aucune promesse, ni dans cette fin de journée, ni dans le début de nuit qui suit (et certainement pas dans la soirée d’opéra). Courte et fraîche promenade, avec un peu de chocolat, parce que bon, faut pas s’laisser abattre. Ce soir, ici, à Strasbourg, il n’y a rien de ce que j’ai pu voir hier. Les filles sont d’hiver, plus de doute. Collants bottes jupes et manteaux sombres remplacent haut légers qui dévoilent la poitrine dénudée quand elles se penchent, petites sandales ouvragées qui dévoilent le galbe du pied, débardeurs qui dévoilent le nombril. C’est le printemps, mais les filles ont déjà tourné la page.

Les écharpes fleurissent, on se couvre, on rentre les épaules, on délaisse les quelques rares terrasses que les restaurateurs tiennent encore ouvertes à l’intention des fumeurs.

J’ai eu cette après midi une urgence de me promener, d’arpenter cette ville si belle que je connais peu et qui ne m’a encore rien ou presque ouvert de ses beautés. Je m’y suis laissé aller quelques longs quarts d’heure.

Et j’ai senti à mes côtés le vide l’absente.

J’avais envie de rire, de plaisanter. Mais plaisanter seul, on s’en lasse — la masturbation humoristique, ça va un moment.

Alors la promenade perd de son sel, et pas un seul des sourires échangés en chemin ne change ce sentiment. On inspire une bouffée de cet air frais charnu goûtu, on serre les lèvres, on gonfle les joues, et on lâche tout. Petit soupir.

La lassitude gagne, l’assoupissement guette.

Alors revenons à nos agneaux.

Strasbourg, cette nuit. claire, vide sans tristesse. calme.

Place de la Cathédrale. La flèche monumentale défie la nuit, tranquillement, sans éclat, sûre de son fait.

Temps sec. Temps, rien à signaler. Ni vent ni froid ni précipitation.

Temps parfait pour une promenade nocturne, pour des baisers nocturnes à chaque coin nocturne de ruelles nocturnes, pour des rires nocturnes stupides et irréfléchis, pour des yeux nocturnes, qui brillent dans la nuit nocturne de désir et de plaisirs nocturnes.



Dernier ajout : 28 mars. | SPIP

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