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Sons oubliés

30 avril 2009

Après une conversation avec Pierre Jodlowski sur son Passage...

le crépitement d’une machine à écrire, le cliquetis des vieux téléphones à cadran, le petit bruit parasite du diamant sur le vinyle, le claquement d’une cassette arrivée en bout de course, le sifflement d’un modem, le souffle électrique subclaquant d’un tube cathodique, l’accent rocailleux et doux, rempli d’arabe et d’italien, de ma grand-mère, le balancement bancal d’une pendule mal équilibrée, le tac sec d’un métronome à pendule, la voix toujours amusée de mon grand-père, les premiers grincements d’un violon dans mes mains, les jingles de France Inter, le matin avant la classe, le « À demain, si vous le voulez bien » de Lucien Jeunesse au Jeu des Mille Francs, la sonnerie de l’école, le rugissement si aigu des premières voitures télécommandées, cette cassette du Petit Prince par Gérard Philipe, ses « s’crets », et cette autre, là, avec la voix de Prévert, la voix d’un père lisant des histoires à ses fils et s’interrompant à tout bout de chant, pris par l’intrigue, le froissement raide des premières feuilles d’impression, avec leurs bords perforées, accompagné des craquements répétés des premières têtes jet d’encre, les premiers sons de jeux électroniques, aux sinusoïdes bouleversées, perverties, seulement par la mauvaise qualité du système audio et des enceintes, les voix étouffées, les bruits de voiture, moteur, portière, quand nous rentrions tard le soir et que nous étions déjà endormis, le silence de toutes les chambres dans lesquelles j’ai dormi, ce piano entêtant et entêté, agaçant de répétitions, qui jouait tout le soir non loin de ma chambre d’enfant et m’empêchait de dormir, la large vibration d’une porte vitrée qui s’ouvre d’un coup, le vomissement d’un magnétoscope, la voix de ceux que j’ai connus enfants, toutes les portes que j’ai claquées, le crachat d’un polaroïd, le minuscule treuil d’un appareil photo mécanique, les vieux et petits winchs qui équipaient les 420 et 470 il y a trente ou quarante ans, le tintement cristallin et encombré d’une tirelire, les cloches qui servaient de sonnette, des pleurs, un rire, une cuiller dans un bol de chocolat, tous les sons, toutes les lettres qui envahissent ma tête quand je lis, la bande son d’annonces des cinémas Action, l’horloge parlante (l’ancienne), le cliquètement mat d’un projecteur de diapos, le Klaxon rauque d’une dodoche, les rues de Paris il y a vingt ans, les rues de Paris il y dix ans, les rues de Paris hier, ma rue là tout de suite maintenant

Liste sujette à changements...



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