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Désœuvrement

13 février 2010

Désœuvrement. J’aime tant ce mot — je déteste son sens. Il y a dans ces quatre syllabes une poésie certaine, une petite musique insouciante, bien loin de leurs monotones significations — car si je prends un instant pour arrêter le temps et les contempler, pour ne pas les laisser s’échapper, pour les rattraper, les pénétrer, aussitôt l’image gris bleu de quatre ados en jeans sales, assis sur un trottoir à fumer, les yeux torves (encore un joli mot !), lâchant occasionnellement quelques vains commentaires, une image finalement fort banale, que je situerais dans une petite bourgade anciennement minière du Nord, s’impose à mon esprit.

Mais la mélodie elle-même est charmante, printanière et pastorale. Je l’aime aussi en anglais — idleness, qui tend, plus encore que son équivalent français, vers le soleil et la belle vie, l’oisiveté.

Désœuvrement ne va pas pour moi sans son alter ego, procrastination — mot aux syllabes violentes, raclant la gorge, mot aisément bégayé ou zozoté, mot dénué de toute légèreté et de toute grâce. C’est un mot lourd, qui régit trop souvent ma vie, sans me déranger souvent — seulement dans ces moments d’intenses activités qui précède les grands rendus (“Mais pourquoi donc ai-je attendu le dernier moment pour commencer un travail de deux mois !”). Mais je l’aime aussi — je ne peux m’empêcher de le dire sans penser à Proust.

Désœuvrement : de quoi d’autre parler aujourd’hui, alors que l’angoisse de la page blanche m’y a fort justement poussé ?



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