Accueil > Éros > « Pas de mal à une mouche »

« Pas de mal à une mouche »

À So.B.

vendredi 3 juillet 2009, par Jérémie Szpirglas

C’est fou ce que les hommes, même les plus brillants, peuvent être longs à la détente. C’est peut-être une question d’éducation. Ils restent ingénus toute leur vie.

Celui-là, il lui a bien fallu cinquante mètres pour enfin comprendre. Ce n’est qu’après avoir traversé la rue, s’être arrêté ahuri un bon moment devant la vitrine du magasin de fringues en face, que ses yeux se sont enfin écarquillés, dans un béatement enfantin. Il est trop gentil, que voulez-vous. Mais il y a des moments où ça suffit. Où la gentillesse agace, exaspère même. Où une femme ne veut plus être adorée comme une reine, ou idolâtrée comme une déesse, elle veut juste être aimée comme une femme, être rabrouée parfois, malmenée même, voire traitée d’une manière qu’elle ne s’avouerait pas consciemment.

Enfin, sauf quand un excès de gentillesse l’y pousse.

Car, comme amant, c’est un tendre. Un bon, certes. Très bon. Excellent même, mais tendre, très tendre. Presque trop.

Il m’aime le plus souvent avec une douceur attentive qui en devient frustrante. Même dans les positions les plus acrobatiques, je le sens sur la retenue. Je vois bien qu’il voudrait me dévorer, prendre possession de moi — m’investir sans plus d’espoir de rémission. Mais non, il prend des pincettes, se comporte en enfant bien élevé que sa mère a toujours interdit de bâfrer, même quand il est affamé. Jusque dans la jouissance, sa passion reste cérébrale — il fait tous les efforts possibles et imaginables pour empêcher l’ardeur d’emporter et son corps et ses actes.

Il m’aime. Oui, certes, il m’aime. Et je l’aime sans doute.

Une soir, il n’y a pas si longtemps, il m’a donnée une petite tape sur les fesses. Rien de bien méchant, juste une petite tape, une petite flatterie de croupe, comme si je lui avais joué quelque tour malicieux. Il y en eu quelques autres, par la suite, c’est même devenu assez fréquent au bout de quelques mois, une forme de rituel émoustillant aux frontières de l’interdit. Et j’aime qu’il s’arroge ainsi cette partie de mon corps — qui, soit dit en passant, est l’un des plus beaux qu’il ait vu, m’a-t-il dit, et je veux bien le croire, c’est pas la première fois qu’on me fait la remarque.

De ce moment-là, j’ai espéré un peu plus. Une fessée, peut-être. Rien d’extraordinaire non plus, je ne suis pas exigeante — et puis, faut pas pousser. Je le lui ai même suggéré, un soir que nous étions au lit et que, ayant chacun fermé nos livres, nous nous apprêtions à nous livrer l’un à l’autre avec cette tendresse discrète qui reflète si mal la force de mon désir — et du sien aussi, sans doute (j’espère).

À bas la discrétion ! À bas la bonne éducation ! Bas les masques.

« Non, allez, donne-moi une vraie fessée ! »

« Tu es sûre ? J’ai peur de te faire mal. »

« Mais non, vas-y. »

Il abat sa main, vaine brûlure.

« C’est tout ce que tu peux faire ? Plus fort enfin… »

« Je vais pas te donner une fessée de toutes mes forces, quand même. »

En voilà une seconde, plus forte certes, bien appliquée. Mais peut mieux faire. Peut certainement mieux faire. Tant pis. Contre mauvaise fortune bon cœur, je poursuis caresses et préludes, un peu déçue. Ce sera pour une autre fois.

Alors voilà, j’ai décidé de passer à l’action. Ce matin, alors qu’il m’a accompagné au métro — quand je vous dis qu’il est trop gentil —, j’ai essayé de lui faire comprendre à mots couverts que je ne suis pas en porcelaine, non mais, et qu’il peut parfois, dans le feu de l’action, me mordre ou me violenter un peu — je sais pas, moi ! un peu d’imagination que diable ! — j’étais presque à lui chanter « Fais-moi mal, Johnny ! », mais il l’aurait pris à la rigolade, et tout serait tombé à l’eau.

Il s’est éloigné, un masque ahuri plaqué sur le visage. Je l’ai aussi choisi pour ça, j’avoue : intelligent, cultivé, incroyablement sexy, mais naïf au possible. Il lui faut parfois une éternité pour comprendre certains de mes sous-entendus.

Ils s’y attendent si peu, ces charmants idiots, à ce qu’une femme comme moi leur fasse des avances aussi ouvertes. Surtout quand elles sont ainsi habilement dissimulées sous un double sens lexical, ils ne comprennent rien, les malheureux.

Bref, une semaine se passe. Puis deux. Et rien.

Nous faisons l’amour. Souvent. La plupart du temps, ça vient de moi. Certes, il me suffit d’un geste pour faire parler son désir, mais il prend rarement les devants — une princesse, sans soulier ni petit pois.

Suis stressée ce matin. Boulot-boulot, rendez-vous enchaînés. Pasdhumeur.

Réveillée de bonne heure, je repousse d’emblée au loin ce corps chaud et endormi. Il aime se blottir tout contre moi au matin, faire du réveil un moment d’entre-deux tendre et moite dont les caresses légères éveillent en moi de longs frissons de délices rêveusement savourées. Mais là, suis pas d’humeur, vraiment.

Je me redresse, m’étire le dos, l’écarte autoritaire. Il esquisse un nouveau geste prévenant, mais je m’échappe et glisse aussitôt sous la douche.

J’ai pas envie. Je peux pas être plus claire.

Envie d’être seule, envie de me retrouver.

Et puis j’aime ces moments seule sous la douche au matin. Pour tout dire, j’aime me doucher. Je m’y retrouve, je m’y redécouvre, c’est une manière de me dire bonjour. J’aime sentir la pression de l’eau caresser ma peau. J’aime tendre ma poitrine sous la chute, me laisser masser par chaque grappe de gouttes. J’aime prendre entre mes doigts le gel glissant et savonneux, passer mes mains sur mon corps. J’aime la vive caresse de ma main sur ma peau. Je sais, c’est un lieu commun, mais j’aime cette sensualité d’un érotisme solitaire, sans but ni désir, machinale et matinale. J’aime la tension de mes cheveux pesant sous le jet. J’aime passer ma main dans mes cheveux trempés. J’aime passer ma main sur mon sexe, mes doigts s’aventurant tout contre les cuisses, puis tout contre les lèvres, retardant le moment d’effleurer le clitoris. Et, après cette revue intégrale et méticuleuse, j’aime peut-être plus encore le rinçage qui suit ; je décroche le pommeau ; le jet dans le cou, se déplace doucement, centimètre par centimètre, de l’épaule vers le sein, du sein vers le nombril. Puis les fesses, et les jambes enfin, qui m’amusent tant. Comme si, chaque matin, j’étais étonnée de les trouver si longues et si fines. Et le sexe bien sûr. Quand ce rituel prend fin, je me laisse aller sous cette avalanche qui prolonge le plaisir du réveil, dans l’attente de la serviette qui mettra fin la purification matinale — friction vigoureuse et rêche.

Absorbée par le bruissement de la serviette sur mes jambes, l’esprit vide, je sens soudain une main chaude se poser sur mes fesses, sans aménité, comme on pose sa main sur une table ou comme on se saisit d’un objet. Saisie, je me retourne d’un bloc.

Il est là, face à moi, nu. Le sexe dressé et menaçant. Le visage passif, presque indifférent. Il me considère froidement, entièrement, comme si d’un seul regard il pouvait me voir toute entière et me pénétrer de ses yeux aciers.

« Sors, lui dis-je sèchement, je finis. »

Il ne bouge pas. Me regarde toujours, imperturbable, ignorant mon regard noir. Ma bouche, mes seins, mon sexe, avec dans les yeux un éclat animal et mal réveillé. La seule chose qui frémit chez lui, c’est sa queue. Un éclair de frayeur diffuse m’envahit. Je ne l’ai jamais vu comme ça. Je n’ose pas même le toucher pour le chasser hors de la salle d’eau, de peur de libérer la violence sauvage qu’il a retenue tout ce temps, et que je peux lire sur son visage, dans le jeu de ses muscles tendus sous sa peau.

« Qu’est-ce que tu veux ? Va t’en ! Laisse moi tranquille, voyons… »

Sa main se tend vers mon ventre, effleure ma poitrine, descend vers mon pubis. Il y a quelque chose d’extrêmement mystérieux dans son regard, qui me fascine et me dégoûte à la fois.

« Bon, si c’est comme ça, c’est moi qui m’en vais. »

Je passe devant lui pour sortir de la salle de bain. À peine ai-je franchi le seuil qu’il me saisit à bras le corps — tout se passe si vite — je n’ai rien le temps de comprendre — il me précipite à plat ventre sur le lit et s’écrase sur moi.

J’ai beau protesté que je n’en ai pas envie maintenant, qu’il faut qu’il arrête sinon, il persévère avec une détermination sans défaut. D’une main, il me plaque les bras sur le drap, ses jambes me tiennent prisonnière sous lui ; et il pèse, de tout son poids. Je me débats, j’essaye de le désarçonner, en vain. Il me pénètre alors, dirigeant son sexe de sa main libre avec une froide résolution. Je suis étonnée de le recevoir avec tant de facilité, il s’enfonce comme dans du beurre — l’excitation a grimpé d’un coup en moi, s’est imposée avec la même force irrépressible que lui — et mon sexe l’accueille avec un bonheur insoupçonné.

Battue, humiliée. A cet instant précis, je le hais plus que je ne l’ai jamais aimé.

Le gland passe. Le reste suit. Sans violence, mais sans me prêter aucune attention, il s’enfonce en moi, toujours plus profond. Ça me semble interminable.

Arrivé là, il suspend son mouvement, s’arrête pour savourer, jouir en maître de l’instant de sa conquête. Puis il commence son mouvement de va-et-vient, avec cette lente assurance que lui donne sa totale domination.

Il prend son temps, ne varie pas son rythme. La colère monte, j’écume. Son flegme ne fait que gonfler ma rage.

J’écume et ce plaisir pourtant qui m’envahit, cette volupté inconnue, inattendue. Plaisir qui me fait le détester plus encore, de me rendre aussi impuissante quant à ma jouissance. Impuissante à la contrôler, impuissante à la maîtriser. À sa merci.

D’un coup, sans prévenir, il se retire. Surprise, presque frustrée, je ne bouge pas. Il ne me tient plus, pourtant, je suis libre, je pourrais m’enfuir, et je n’en fais rien. Je ne bouge pas d’un pouce et à ma rage s’ajoute bientôt le mépris de moi-même.

Un instant plus tard, ses mains sont à nouveau sur mes fesses. Puis sa bouche. Petites morsures capricieuses, de mes fesses vers mon sexe, qu’il lape derechef. Je ne bouge toujours pas, ne me défends pas, ne réagis pas. Honte, honte de mes attentes, de mon appétit — envie terrible qu’il me reprenne, de sentir à nouveau son sexe en moi. Mais il n’en fait rien, comme par esprit de contradiction — pas tout suite du moins. Et je suis ainsi à l’attendre un long moment, le sexe offert, comme une invite à laquelle il ne répond pas pour mieux m’enrager. Réduite à mendier, exaspérée.

Enfin il s’écarte, sa bouche s’éloigne, et je sens la brûlure tant attendue de son sexe, qui reprend son va et vient imperturbable.

Il use de moi, use et m’use de moi. Et l’orgasme bientôt me secoue de rage et d’impuissance mêlé, bouleversant de puissance et d’inattendu. Et je reste là, inerte, amorphe, incapable de bouger alors qu’il se vide en moi, déverse son plaisir indifférent et froid.

Il est retombé sur moi.

Me paraît moins lourd.

Comme si, sa jouissance prise, son tact et sa délicatesse reprenaient leurs droits.

Comme s’il me retrouvait, redécouvrait qui j’étais.

Il est parti sans dire un mot après ça.

S’est habillé.

S’est coiffé.

M’a donné une petite tape sur les fesses comme il sait si bien les faire, accompagnée d’un petit bisou dans le cou dans lequel j’ai cru retrouver sa tendresse.

A fait comme si de rien n’était.

Et moi, suis restée prostrée dans la position où il m’a laissée. Défaite, les fesses à l’air, les jambes encore empêtrées dans ma serviette de toilette. Pétrifiée, terrassée par un plaisir qui me dépasse.

Après pareil lever, la journée n’est plus la même. Elle est habitée, hantée, obsédée. Images et sensations m’assaillent sans prévenir. Quelque chose en moi est entré en branle qui ne s’arrête plus. Au travail, pendant le déjeuner, en faisant mes courses, j’y reviens sans cesse, tantôt prise par une hideuse répulsion, tantôt par le souvenir de cette intense jouissance. De l’une à l’autre sans prévenir. Frissonnante. Mécanique infernale, goût de revenez-y.

Agacée, je décide d’interrompre mon après midi, d’aller le voir. Machinalement, je prends le chemin de chez lui — démarche de somnambule. La confusion règne — un petit discours résonne dans mon esprit comme un disque rayé, agglutination de bribes — inadmissible — pas le droit — respect — faut qu’on parle — mais qu’est-il arrivé que s’est-il passé depuis les tendresses attentionnées, les attentions tendres, l’amant affectueux, l’amoureux affecté, qui que quoi ?

Arrivée en bas de chez lui, la confusion fait place à la peur. À chaque marche, l’appréhension grimpe, aussitôt mêlée d’un désir indistinct, inarticulé.

La porte d’entrée s’ouvre sans bruit. Désir secret et diffus de le surprendre à mon tour. Un coup d’œil vers le bureau. Personne. Au salon. Personne non plus. Doit être dans sa chambre. Je pousse la porte. Est allongé sur son lit. Fait sa petite sieste quotidienne. Nu. Tiens… Bizarre, d’habitude, il garde ses vêtements — comme s’il m’attendait.

Allongé sur le ventre, il serre un oreiller entre ses bras. Les draps sont défaits, découvrant son dos et sa fesse droite.

Je retire mes chaussures, toujours sans bruit, et m’assois au bord du lit.

Je le regarde, ainsi endormi, sa respiration calme — il a un air innocent, presque un ange, inoffensif. J’écarte un peu plus le drap, l’expose à nu.

De voir ses fesses ainsi sans défense, livrées à mon bon vouloir, je suis soudain prise du désir masculin de le violer à mon tour. Je tends la main, la pose en bas de son dos. Je replie les doigts, mes ongles mordent sa chair, ma paume étire sa peau — envie d’y enraciner me doigts — et je descends doucement, vers les deux globes blancs et fermes. Je les caresse, les pétris ; j’en prends possession. Pendant quelques minutes, elles sont à moi seule ; j’en fais ce que je veux, je pourrais à mon tour les mordre, les violenter, les déchirer.

Dans un soupir, il se retourne. Son sexe est là, dressé sous mon nez.
Sans réfléchir, je le prends aussitôt dans ma bouche. Et c’est un plaisir nouveau que de jouer avec, de le lui voler, de l’en déposséder en l’embrassant goulûment. Offrande anonyme, de bon cœur, sans arrière pensée. Je m’y livre sans souci, laisse mes mains s’aventurer où bon leur semble — sa poitrine, ses cuisses, son sexe que j’embrasse encore et encore. Laisse aller ma langue d’un bout à l’autre, mord discrètement ses cuisses, suce insatiable. Je ne le regarde pas, ne lève même pas les yeux, pour voir si ma gâterie lui plait ou non, si ma langue l’a réveillé. M’en fiche. Sa queue est à moi, la sucer devient un plaisir exclusivement égoïste.

Enfin il jouit. Je me redresse, me lève sans un mot, et sors, sans lui accorder un regard.

Le soir venu, lorsque j’arrive chez lui après diner, il est à nouveau couché, mais il n’y a plus dans la pièce ce parfum capiteux d’érotisme qui flottait quand je l’ai quittée en fin d’après midi. Il s’est dissipé dans un ordre serein. Je me glisse à ses côtés, et sens ses bras m’enlacer avec une intensité et une chaleur que je ne lui connais pas. Je m’endors dans une plénitude ouatée.

Pendant deux jours, je ne l’ai pas revu. Silence radio complet. Puis, le soir suivant, je le trouve en bas de chez moi, bien habillé, la bouche en cœur —une fleur. Il m’embrasse et me dit avec un petit air mystérieux de remonter me préparer à sortir. Les surprises, j’aime ça, mais là, je ne peux réprimer ma méfiance, non plus que l’excitation dont elle se mêle aussitôt.

Toute la soirée durant, je reste aux aguets, mais rien ne vient. Selon toute vraisemblance, il m’a préparée une belle soirée romantique, apparemment en toute innocence.

Bien imbibés à la sortie du restaurant, nous partons à l’aventure dans les rues alentours. J’ai toujours aimé sortir à son bras. Nos promenades sont parmi nos moments les plus tendres — c’est d’ailleurs comme ça qu’il m’a eu la première fois, une promenade agréable ponctuée d’un baiser attendu, dans les règles de l’art —. Marcher, discuter pendant des heures, surprendre à tout instant ces éclairs dans son regard qui me font chaud au ventre, dans la hâte non dite de les assouvir.

Son bras passé autour de ma taille, je me laisse guider sans arrière-pensée par ce geste protecteur qui n’est plus que tendresse.

Les rues sont vides, l’écho se mêle à nos pas dans un joyeux quatuor. Je souris, je suis bien, émoustillée par la marche et le vin, curieuse de savoir jusqu’où ira cette main qui glisse de ma hanche à mes fesses et gagne ainsi du terrain à chaque nouvelle caresse. Je souris et je ne dis rien. Je fais comme si de rien n’était. Je ne dis rien non plus quand sa caresse se fait plus insistante et se fraye un chemin sous ma jupe.

Il s’amuse, joue comme la douce brise avec le léger tissu, prend une fesse dans sa main, ses doigts audacieux gênés seulement par les mouvements de la marche. Quand ils arrivent aux lèvres humides, je les renvoie d’un mouvement de hanche d’où ils sont venus, dans un petit éclat de rire là. Mais ils n’abandonnent pas pour autant la partie, repartent de plus belle à l’attaque et envahissant bientôt et mes fesses et mon sexe. Je ne peux plus rien faire pour contenir l’assaut.

Sauf peut-être… je m’arrête brusquement. Las ! Non seulement ça ne les contient pas, mais il en profite pour m’embrasser fougueusement. Sa langue impérieuse dans ma bouche, ses doigts explorateurs… envie de lui, ça fait presque mal — hâte de rentrer me satisfaire.

Il s’écarte, avec un petit sourire. Je le regarde avec un air de défi — même pas cap’. Erreur. Il m’embrasse à nouveau, plus ardemment encore et m’entraîne un peu plus loin, me fait traverser la rue — en dehors des clous — et, d’autorité, me plaque contre une vitrine — c’est un antiquaire, derrière la vitre, il y a un lit à baldaquin drapé de velours écarlate qui rayonne sous les spots adoucis.

Et toujours ce même pas cap’ qui passe en boucle dans ma tête. J’ai bien tort car il me saisit bientôt par les hanches, me soulève et me dépose sur le rebord de la fenêtre ; dans le même mouvement, il se place entre mes jambes, retrousse ma jupe, couvre mon corps de son buste puissant.

Il ne lui reste plus qu’à écarter le tissu délicat de mes dessous. Je ne résiste plus et lâche un grand éclat de rire lorsque je sens son sexe chaud braver l’air de la nuit pour se presser contre le mien. Qui n’attend que lui.

Avant que la volupté ne me ferme les yeux, j’aperçois par-dessus son épaule notre reflet dans la vitrine d’en face. Ma main sur sa nuque, son dos et ses jambes, et les miennes, nues, qui lui enserrent la taille et contrastent sur son vêtement sombre. Et planant au-dessus, mon visage réjoui.


Nouvelle version de Et puis quoi encore ?