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Inactivité

20 février 2010

L’inactivité pèserait sur la ville — comme un éternel jour chômé. Même le vent et les nuages sembleraient avoir abandonné leurs postes. Ce ne serait plus que silhouette figée et vaine. Pour la première fois, on entendrait le petit déclic mat et sec des permutateurs électroniques qui continueraient imperturbables à régir les feux de circulation, le grésillement persistant des néons, le battement paresseux de quelque drapeau sur une façade officielle, le souffle des souffleries et chauffages centraux, le rythme régulier des escalators déversant les usagers fantômes du réseau métropolitain, et celui, doux comme un souffle inépuisable, des portes tourniquet, quelque cloche d’église marquant les heures indifférentes, le sifflement des panneaux publicitaires déroulant, le lent bouillonnement intestin du macadam fondant au soleil, le grondement sourd des rames automatisées, les sonneries stridentes des écoles, et celui, assourdissant, des usines, le flot impassible et puissant du fleuve, qui charrie ces lourds matériaux soulevés et laissés retomber avec le bruit intermittent d’un excavateur, attaquant pacifiquement les piles des ponts, le son aseptisé, entêtant et rémanent, d’un ordinateur qui bugge, la litanie assourdie doucereuse et insipide, des hauts-parleurs commerciaux au seuil des grands magasins, le claquement répétitif inlassable d’un compteur électrique mal réglé, le murmure d’une dernière feuille jaunie sur le pavement, quelque rare branche qui craque sans le soutien de la sève éteinte, au loin des vagues calmes sur le sable noir.

Là-dessus j’aimerais ajouter un battement de bottes de femmes — rythme à la fois clair et velouté, scandé avec une illusion de tendresse, fantomatique et fantasmatique — qui résonnerait entre les façades tièdes — vue de l’esprit, hallucination auditive, schizophrénie pleine d’espoir.



Dernier ajout : 20 mars. | SPIP

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