Un titre
lundi 6 juin 2011, par
Un titre apparait.
Seul, incongru, presque sordide par la lumière qu’il jette sur le silence alentour.
Seul, il se fait jour, majestueux et hautain, sûr de lui, sans se soucier que rien ni personne ne vient rallier son panache blanc.
Derrière lui, le vide — comme un écran bleu, qu’on laisse à quelque artiste ou effet spécial le soin de remplir et d’animer après coup.
Ses quatre ou cinq syllabes lui suffisent : elles racontent une histoire qui ne nous appartient plus, de laquelle il va être difficile de se détacher.
Au pied du mur, la plume embrumée reste timide dans la main — le clavier se tait. De peur de souiller ce titre parfait, de le pervertir, de le rabaisser.
On essaie de le contourner, de le surmonter, d’imaginer ce qu’il peut bien (re ou dé)-couvrir. L’idée nous effleure un instant d’une simple juxtaposition de ce titre et d’un texte conçu en a parte.
On cherche, la machine s’enrayée, la voix s’enroue, le nez est pris — allergies obligent.
Dominateur, le titre contemple l’auteur terrassé qui n’ose relever la tête.
Il devra s’en contenter.