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Relire un texte ancien
vendredi 25 mai 2012, par
Ah !... relire un texte ancien, voilà un exercice qui peut nous réserver de belles surprises, et d’intenses plaisirs, tout autosatisfaction mise à part.
Ainsi de ces quelques phrases piochées dans un papier écrit il y a quatre ans pour un grand mensuel musical (je ne citerai pas l’œuvre dont il s’agit, c’est bien plus drôle comme ça).
« La partition est — hélas ! trois fois hélas ! — loin d’être à la hauteur et frappe par son inébranlable passéisme et ses constants recours aux effets faciles et éloquents.
Certes, le compositeur manie son Petit Berlioz Illustré avec un talent indéniable : c’est joli, c’est bien fait, avec quelques petites épices venues de Moussorgski, Ravel et Mahler. Ça peut même faire vibrer et pleurer par moments, mais ce parti pris réactionnaire pour mettre un texte aussi important le vide de sa substance. Comme une superproduction hollywoodienne qui, à défaut d’une réelle recherche de l’expression, jouerait son va-tout sur le pathos et sur des effets faciles. »
J’avoue que cet “inébranlable passéisme”, dont je parle, m’a bien fait rigolé... C’est souvent ainsi lorsque je reprends un texte écrit depuis plus de quelques mois : la qualité du style peut même parfois m’apparaître inattendue. Que ne sais-je écrire si bien aujourd’hui ? Que n’ai-je cette facilité, cette acidité de ton ? J’en serais presque jaloux de moi-même.
De là les difficultés véritables que j’éprouve souvent à poursuivre un texte commencé et laissé de côté : cette peur de ne pas être à la hauteur, de ruiner la fraicheur de ces premières lignes par la lourdeur de mon style présent.
Aujourd’hui, ce problème se pose avec une acuité inhabituelle.