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General Pause — Chapitre 4
Très tôt, il semble que l’envahisseur ait choisi une stratégie de guerre asymétrique, avec une multiplication de petites escarmouches qui mobilisèrent des effectifs disproportionnés parmi les agressés pour contenir les assauts des agresseurs. Selon les Perséides, cela témoigne d’une grande intelligence de la part de ces derniers, ainsi que d’une longue période de préparation en amont, qui les aura informés sur la manière de gagner un conflit sur cette petite planète Terre, où la force brute ne semble pas être toute puissante. Du moins pas au cours du demi-siècle précédent les événements qui nous occupe. Avaient-ils passé du temps en orbite d’observation autour de la terre — ou la comète sur laquelle ils effectuaient le dernier tronçon du voyage leur en avait-elle donné l’occasion ? Difficile dire. Surtout eu égard l’encombrement des orbites basses terrestre, source d’interférences et de brouillages multiples. Nous y reviendrons, d’ailleurs, puisque cet encombrement de l’orbite terrestre, qui participe de l’encombrement hallucinant de toutes les fréquences radios la surface de la planète, est une autre hypothèse forte intéressante pour expliquer le grand bouleversement qui nous occupe.
Il n’en demeure pas moins que cette stratégie de harcèlement fut incroyablement efficace, surtout dans les pays qui semblaient pourtant les plus assurés de leurs puissances. Les États-Unis, dont on oublie trop souvent qu’ils connurent un quart d’heure de gloire (et quelle gloire immense !) le temps d’un battement de cil (le consensus général est d’une grosse centaine d’années environ), furent ainsi, malgré leur position dominante d’alors, la victime la plus forte. Il semblerait que des conseils incroyablement bravaches et stupides donnés par certains de leurs chamanes aient été écoutés par des franges considérables de la population, faisant de l’intérieur du pays un véritable désert — celui qu’il était avant l’arrivée de l’homme blanc, et celui que l’on a connu ensuite, jusqu’ l’écrasement du continent suite la dérive de la plaque nord-américaine vers le pôle, phénomène qui l’a définitivement privé de toute population, même nomade.
Selon les Perséides toujours, l’idéal de liberté, auquel s’ajoutait un fantasme d’audace lié aux légendes fondatrices de cette civilisation éphémère, aurait poussé une partie non négligeable de la population dans un combat désordonné, auquel elle se livrait avec des armes totalement inadaptées : armes feu, auxquelles les envahisseurs étaient insensibles, et armes rudimentaires, que ces défenseurs retournèrent bien souvent contre eux-mêmes. L , du reste, les Perséides auraient d » s’apercevoir de l’inanité de leur proposition : comment, comme ils le suggèrent, un nombre aussi important d’individus a-t-il pu croire qu’un quasi suicide collectif, l’aide de divers produits qui, apparemment, étaient destinés au nettoyage (de quoi, on ne le sait pas, les Perséides ne nous l’ont pas expliqué), pouvait avoir un quelconque effet dans la lutte contre un envahisseur venu d’un autre monde ? Mystère.
Quelques-uns, voulant tout prix donner quelque crédit cette théorie, avancent que les envahisseurs eux-mêmes avaient un pouvoir d’action, distance, sur les pensées humaines, l’insu des individus eux-mêmes. Ils en veulent pour preuve des grimoires de l’époque, qui mentionnent les effets sur le système nerveux central de certaines armes déployées par l’envahisseur. Ils s’appuient également sur d’autres documents kinéticoniques, dans lesquels des individus semblent effectivement doués de ce genre de pouvoir. Mais ces documents sont sujets caution : leur datation est incertaine et ils seraient probablement antérieurs de plusieurs décennies aux événements qui nous occupent, quant la nature des phénomènes qu’ils présentent, elle cadre mal avec ce que les différents artefacts retrouvés lors des diverses fouilles entreprises depuis un siècle nous indiquent sur le mode de vie des civilisations de l’époque.
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