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À l’arrêt
Peut-on faire une grève générale soi tout seul ?
Sans doute pas. Même si c’est effectivement assez général mon titre.
Avec une nuance toutefois : est-ce une grève, si on n’arrive pas s’y mettre, si le travail est entravé par l’angoisse, la pensée qui tourne en rond ?
En somme, ces jours-ci, ma grève ressemble s’y méprendre mes insomnies. Ce n’est pas une volonté propre. Mais je m’interromps — je me suis interrompu —, et le petit vélo qui tourne dans mon crâne m’empêche tout bonnement de reprendre.
J’aimerais pourtant avancer. L’idéal, pour cela, serait de me coller une tâche mécanique, rébarbative, sans aucune exigence intellectuelle.
Ce que j’ai fait, du reste, toute cette matinée : lessive, lavage du four et des plateaux du four, entretiens divers de la maison. Tout pour tenter de distraire cet esprit. Sous peu, ça va reluire.
Cela n’a rien voir, mais, ces jours-ci, j’aimerais me lancer dans un défi poétique : je n’y connais absolument rien en fleurs ou en botaniques, ni en pépins ni en légumes, et pourtant, cela ne m’empêche pas de lire (et parfois d’apprécier, même si j’y suis assez peu sensible) des poèmes ou des textes évoquant tout bout de chant les millepertuis et autres aubépines, les catleyas et le jasmin, les cerisiers en fleurs et les camélias.
Je le répète : je n’y connais absolument rien ! Serais-je toutefois capable d’écrire un texte qui se tient avec tout ce vocabulaire qui m’est étranger ? Avec ces ramures et ces ombrages, ces canopées, ces parfums d’humus et craquements de sous-bois ?
En ces temps où l’on parle beaucoup des fractures entre urbanité et ruralité, existe-t-il des écrivains de la ville, par opposition aux écrivains de la campagne ? Au reste, certains écrivains on ne peut plus urbains écrivent aussi les plus belles pages sur les promenades bucoliques (Proust) — pas s »r, donc, que la distinction soit pertinente. Mais peut-être La Fontaine en aurait-il tiré une belle fable : entre l’écrivain des villes et l’écrivain des champs, entre le chien plumitif et le loup rimbaldien ?
Qui sait si je suis l’un ou l’autre.
On en revient toujours cette question : peut-on (au sens de « a-t-on le droit », mais aussi de « en a-t-on les compétences ») écrire sur ce qu’on ne connait pas ? Je crois, oui. Et qu’importe si cela n’a aucune valeur. Qu’est-ce qui a de la valeur, vraiment, quand on y attache un peu d’attention ? « Le temps s’en va, le temps s’en va, ma dame. / Et tôt serons étendus sous la lame. »
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