"Ça brille." Il a l’air de s’en étonner, mais sa voix n’exprime qu’une plate constatation.
Son regard est fixe. C’est un dôme au loin.
Il a eu de la chance : un instant plus tôt, un instant plus tard, le soleil aurait manqué à ses devoir et n’aurait pas été en train de jouer avec la mince feuille d’or qui nappe à présent son œil de son éblouissement fugitif.
"Ça brille." Il a l’habitude de toujours répéter ses phrases lorsqu’il n’a rien à dire, comme pour se convaincre de l’importance (…)
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Fictions
Ébauches et idées
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Ça brille
19 juillet 2011, par Jérémie Szpirglas -
Pas facile
8 juillet 2011, par Jérémie Szpirglas« Pas facile. »
« Non, non, vraiment pas facile, du tout. »
Il a le regard dans le vague. Si l’on essayait de le suivre, on se perdrait dans l’océan de toits sur lequel s’ouvre la petite fenêtre de la mansarde, on verrait passer quelques cumulonimbus, allant pestant les sourcils froncés.
Il tient dans ses mains une chaussure. Enfin une chaussure, une vieille godasse de tennis au cuir craquelé et gris, dont la semelle en a vu bien d’autres. Il la caresse, perdu dans ses pensées. C’est (…) -
Un titre [2]
14 juin 2011, par Jérémie SzpirglasC’est l’histoire d’un combat homérique. Celui que se livrent, éternellement, inlassablement, un titre et son auteur. Un combat qui tient du mythe, où l’on ne sait plus qui est qui. Un combat qui n’a ni vainqueur ni vaincu qui ne se rebiffe immédiatement.
D’un côté, une figure monumentale, hautaine, statue d’airain, faisant fièrement face aux éléments, embruns, rafales, explosions d’étoiles, éternités, pâle, indifférente, régnant sans partage sur une royaume trouble où tout n’est que (…) -
Tierce picarde [carnet]
13 juin 2011, par Jérémie SzpirglasTierce picarde lune de miel lune de loup loups de miel de garou
Vol de louves et d’instinct automatique
Piano mécanique parle de soi Sergent York et Monsieur Verdoux
Toujours rien ?
Un récit en trois temps our avancer nulle part un récit brumeux ne se révèle qu’à chaque pas et la lumière aime le ré majeur
Je ne vois pas la différence action sans réaction tout est en place
Ça doit marcher Ça ne marche pas acte sans conséquence
Indifférence indolence absence nulle responsabilité (…) -
Un titre
6 juin 2011, par Jérémie SzpirglasUn titre apparait.
Seul, incongru, presque sordide par la lumière qu’il jette sur le silence alentour.
Seul, il se fait jour, majestueux et hautain, sûr de lui, sans se soucier que rien ni personne ne vient rallier son panache blanc.
Derrière lui, le vide — comme un écran bleu, qu’on laisse à quelque artiste ou effet spécial le soin de remplir et d’animer après coup.
Ses quatre ou cinq syllabes lui suffisent : elles racontent une histoire qui ne nous appartient plus, de laquelle il (…) -
Bien agiter avant de servir — Servir très frais !
12 janvier 2011, par Jérémie SzpirglasC’est alors qu’il se trouve au pied d’une montagne, d’un monument. D’un roc isolé, engageant son éperon contre la grisaille de plomb d’un ciel trop bas pour être de là-bas. Le ciel est rouge de colère, et la montagne rougeoit sous sa coupe — nulle verdure, la roche luit sombre et écarlate comme du sang, sous son œil et le regard de la nuit. Péniblement, il pousse son inutile fardeau le long du sinueux sentier qui mène — espère-t-il — au sommet de l’éminence ardente. Il peine, ses yeux fixés (…)
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Au fil du Quintette
7 décembre 2010, par Jérémie SzpirglasNotes prises durant l’interprétation du Quintette avec piano op. 44 de Schumann, le 2 juillet 2010 dans la cour du Palais de Berberie d’Albi à 21h00 dans le cadre du Festival Tons Voisins. Les interprètes étaient : Eric Lacrouts, Simon Milone (violons), François Gnéri (alto), Alain Meunier (violoncelle), Denis Pascal (piano).
Travail d’écriture dans l’instant, en préparation de ma fiction autour du Quintette avec piano de Schumann...
1. Allegro brillante
Là — Tu es là — si forte — si (…) -
Elles
7 octobre 2010, par Jérémie Szpirglassont toutes réunies là, en germe. Je les reconnais. L’une puis l’autre. Chacune de mes amours, avec ses fragilités et ses charmes. Celles que j’ai connues et celles que j’ai laissées échapper, celles que j’ai effleurées et celles que je n’ai que rêvées.
me retournent toujours le cœur, même ainsi, trop jeunes pour nous avoir vécus. Je les aime encore, mon cœur me pince. Je reconnais leurs regards, leurs sensualités cachées.
m’adressent ce soir un regard ignorant de nous, au fond duquel je (…) -
Bien agiter avant de servir — Servir très frais !
8 juin 2010, par Jérémie SzpirglasMais avant. Avant l’urgence, avant le mur, avant la séparation. Avant. Avant, on croyait qu’on pouvait aller toujours de l’avant. Etendue vierge et plombée de soleil — sans un footballeur en vue, si-si, même là-bas, c’était possible. Une caravane s’avançait, ignorante des massacres anglo-zoulous. Avant, c’était l’immensité du veld et des gazelles vertes, parcourue par une expédition digne de tous les mythes — avec en outre, pour qui s’ennuierait de tant de majesté, un petit Roméo ramoneur et (…)
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Effacement
12 mai 2010, par Jérémie SzpirglasC’était comme s’ils disparaissaient à jamais du vocabulaire, effacés des dictionnaires d’hier et d’aujourd’hui, oubliés, désuets désespérés.
Leur sens perdurait, on les cherchait toujours — car on en avait toujours besoin, de ces sens-là, toujours — mais en vain, on ne les trouvait plus.
Et ainsi, de mois en mois, d’année en année, de plus en plus de sens perdaient leurs mots.
Quelques uns cherchaient à pallier leur absence, approximant en fouillant l’étymologie — ils battaient l’air (…)