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Compositeur avec cigare

19 juillet 2015

portrait cubiste

[Georges Aperghis]

hop

hop et pom

à la rencontre de la miette illisible

pom de trois quatre fois six trente trois

d’un côté l’autre — miroir de fou — basculement

à sec : sans saucisson — à la radio une fois par semaine : ça suffit à nourrir une passion durable, apparemment.

les mots sonnent — écho — les syllabes tournent sur elles-mêmes, s’enlacent les unes aux autres

ça grouille, ça crie, ça jacasse, ça gamine, ça papote, ça caquète, ça théâtre — éclats cristallins dans l’air frais du matin — jactations joyeuses et claires, aigües et aiguisées, aussitôt jaillies, aussitôt englouties

s’essouffler de cette course en avant

Ce sera donc la musique, manifestement.

— Entre ici, fantôme agissant — tu y seras bien, tu y seras au chaud, tu auras tout loisir de mettre ton grain de sable dans les mécaniques les mieux huilées et les plus rutilantes, tu pourras éclater tes ectoplasmes en rythmes impairs et passe, chuchotant au passage le murmure d’une tempête crâneuse et lointaine — le bonheur fugitif fantomatique !

Un méta-théâtre au carré /& vice-versa se développe. Et si l’on ne garde qu’une seule image, d’une main sur un levier de vitesse, c’est déjà ça.

allons-y, traversons l’ennui vers la folie, interrogeons-nous pourquoi l’avoir quittée interrogeons-la pourquoi s’en être écartée — s’échappe en volutes —, la raison n’est pas plus heureuse, la folie au moins garantit

perdu égaré, plutôt — sinueux et suspendu

Car, après tout, si l’on veut bien se donner la peine d’y réfléchir un instant, on ne grandit pas entre un père sculpteur et une mère peintre impunément.

perdu — c’est ainsi qu’il a du se sentir, jeune grec fraîchement déparqué à Paris, fraîchement embarqué dans la musique.

quelques sons flottent à la surface, auxquels on essaie à toute force de se rattraper, de se raccrocher pour ne pas être emporté par la déferlante du discours — bribe sonore, réduit au syntagme, qui s’évanouit aussitôt, qu’on ne reverra pas, autour de laquelle on s’essouffle (…ffff…) à agréger les quelques rares notes qu’on est parvenu à détacher pour/malgré soi ; bientôt ce n’est plus même un son, récurrent et lancinant, qui trouble plus qu’il n’aide — s’agripper à lui, qu’on croit connaître, n’est qu’un moyen plus sûr encore de se perdre, fait oublier le reste, la syntaxe qu’on pourrait deviner

On ne saura jamais si ça rit parce que c’est sérieux,torsades de fumée grimpante, ou si c’est sérieux parce que ça rit.

Parfois colimaçon, on aimerait que l’absurde soit enfin démasqué — mais alors quel ennui ! J’y suis allé pour vous et — je vous l’assure — c’est bien inutile : préférons donc le rideau d’érotisme dont l’aberrant se vêt en burlesque — tonitruance délirante de sons permutants et désarrangés

non-sens : être à la musiquederrière nouvelles le pétillant volutes sourire ce qu’Alice est la littérature

— je joue, tu comptes, elle et il énumère, nous commentons, vous tourbillonnez, elles et ils se retrouvent

À chaque jour suffit son bonheur — corps à corps sans mots débités au couteau — tout tourne, personne ne gagne — sinon quoi ? — tragique banalité et tendre ironie qui n’en peuvent mais : Alice au pays des merveilles revisité avec une tendre férocité par Tex Avery — l’alto, infesté de lapins empressés et de Beethovens affairés, tombe à tous les coins de rue sur le sourire énigmatique d’une contrebasse en fa

si… mais si, si, nous sommes prêts croyons-nous, alors allons-y, sans respirer, la tête sous le verbe, la tête sous l’oreiller de verbes, pour la vider

Répons et Rebonds  : égalité

retrouver ce bercement, ce débit monotone et coloré des syllabes et des mots, lorsqu’ils n’ont aucun sens — les yeux se perdent dans le vague, on entre dans un monde parallèle, un monde à côté du langage, la tête vide, incapable à son tour de former une phrase, dans quelque langue que ce soit — enfin fourvoyé dans le « vrai » ?

perdu (é)perdu dans les tourbillons magnétiques de cette langue, dans les tempêtes de cette musique, dans les machinations de ce théâtre, — volutes encore — un tuba sur les bras, dans l’embarras ; solitaire, la musique demeure, compréhensible seulement pour cet inconscient secret et bien caché — quand bien même sous surveillance



Dernier ajout : 16 mars. | SPIP

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