Netteté du point, du grain, du coin, de loin.
Nouvelles lunettes, étonnement d’une nouvelle perspective. Arrivée dans la cour du Louvre, la nuit tombée, les détails des façades, des sculptures, se détachent en petits éclats d’ombres et de pierre jaunie par l’éclairage monumental et pourtant discret. Je remarque avec un œil frais — comme un nouveau télescope pointé vers le ciel — la précision de la découpe, au ciseau (du sculpteur). Les toits eux aussi se découpent avec une netteté (…)
Site de création littéraire plus ou moins expérimentale
Articles les plus récents
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10 février 2010, par Jérémie Szpirglas -
Histoire de Mélodie — I
9 février 2010, par Jérémie SzpirglasÇa allait plutôt mal dans ma vie.
Je sais. Je suis névrosée, hypocondriaque, égocentrée, je n’ai aucune confiance en moi, je pense toujours que je suis une loser. Mais là, c’était pire. Alors écoutez-moi quand même.
Sylvain venait de me plaquer pour l’une de ses collègues de bureau ; je collectionnais les rendez-vous foireux et les histoires d’un soir.
Au bureau non plus, c’était pas l’idéal. Je me battais pour faire mes preuves et obtenir un poste un rien meilleur.
Bref, je me (…) -
Bien agiter avant de servir — Servir très frais !
8 février 2010, par Jérémie SzpirglasC’était délicat, pour moi, de sortir de là. À mesure que la ville grossissait, augmentait, phagocitait son entourage, ses petites sœurs s’amaigrissaient, peau de chagrin urbaine, ressemblaient de plus en plus au désert qui les avait accueillies au premier chef. Ville qui n’est plus qu’un centre noueux, rabougri, refermé sur lui-même. Ville qui s’intègre et se désintègre dans un mouvement égal et non contradictoire. Et à son cœur, des citadins, des citadines, qui n’y croient plus, tentent (…)
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Sans-Titre XX
7 février 2010, par Jérémie SzpirglasIl y a quelques années encore, cinqdix ans peut-être, les affaires marchaient bien. Aujourd’hui, c’est dur. Très dur.
Vous me direz lacriselacrise, lacrisececilacrisecela. Mais non, la crise n’a rien à voir à l’affaire. La solidarité connaît pic grâce à la crise, la générosité, au moins d’un sourire — il n’est pas une personne dans la ville qui n’a dans son entourage quelqu’un en difficulté, au chômage, et l’identification est vite faite. Grâce à la crise, les autres, ceux qui demandent, (…) -
La Branche ou l’Oiseau
6 février 2010, par Jérémie SzpirglasSalut vieille Branche, dit l’Oiseau,
En posant ses fesses à son bout,
Quoi, répond-elle, tu m’trouves si vieille ?
Je suis peut-être fatiguée, peut-être sur les genoux...
Ben t’as plus une feuille sur le ciboulot,
T’es toute ridée, noueuse comme un olivier et des longues oreilles,
Ça veut rien dire, c’que t’es bête !
C’est l’hiver, et si tu continues,
Sur moi tu n’te poseras plus,
Ni patte, ni plume, ni bec,
Sous la neige je ploies,
Sur le sol tu chois,
Ben, moi (…) -
Un pays de silence
5 février 2010, par Jérémie Szpirglas« Je t’aime — Je t’aime, dit-elle d’une voix douce et grave, avec ce petit empressement dans les consonnes qui seul la trahirait si son discours n’était si clair, Je t’aime — Je t’aime, répond-il, sa voix est singulièrement plus haute et légère, plus agitée, presque peureuse dans ses dentales, Si je ne t’aimais pas, je serais perdu dans un pays de silence. »
Aussitôt : a-t-il dit “pays” ou “océan” — “océan” serait plus attendu, “pays” fait un peu provincial, “pays” fait irrémédiablement (…) -
Sans Titre XIX
4 février 2010, par Jérémie SzpirglasJe suis irrémédiablement fasciné, envoûté, séduit (jusqu’au plus profond de mon sensuel), par le talent. Surtout lorsqu’il s’exprime hors de soi et sur une scène. Plus encore lorsqu’il se projette invisible, ondes vibrantes, cheveux hérissés.
Elle est lumineuse cette chanteuse. Lumineuse, aérienne, pleine de grâce — on croirait ce paysage de vallée enneigée, le vent froid inlassable de l’hiver soulève jusqu’à quelques mètres de hauteur de fines particules blanches étincelantes, un fin (…) -
Détresse du nageur de fond
3 février 2010, par Jérémie Szpirglas(souffle bien sous l’eau) bras droit, bras gauche, inspire, bras droit, (souffle bien sous l’eau) bras gauche, bras droit, inspire, bras gauche, (souffle bien) bras droit, bras gauche, inspire, (souffle bien sous l’eau) bras doit, bas gauche, hhinspire, bras qui croit, (t’entends ?) bras gauche qui file, rat de droite, instille, inspire t’arrête pas, non surtout ne t’arrête pas, débarrasse à gauche, (vacarme dans l’eau trouble) droiture, gaucherie, inspiration ne t’arrête pas sinon tu vas (…)
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Petits mensonges
2 février 2010, par Jérémie SzpirglasÀ force d’enchaîner les petits mensonges, on marchait à présent juste à côté de sa vie.
Au début, c’était simple. Un mensonge à la fois, deux, trois tout au plus — les mêmes pour tout le monde — les choses étaient clairs, pas besoin de se casser la tête. Mais on ne peut user des mêmes mensonges sur tous. Il faut s’adapter, trouver le bon, celui qui fera mouche. Et c’est là que l’affaire se complique.
Ce n’étaient jamais des mensonges bien méchants — quelques omissions, ou imprécisions (…) -
Paris — 1er février 2010 — 23h45
1er février 2010, par Jérémie SzpirglasTempête, ça craque, crâne
(agitation, rafales, embruns) (ça brûle, ça gèle, ça se fissure) (vanité, vide, sauceblanche)
Dépression, implosion, rides
(dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, sisisi, je vous assure) (ah bah ça, forcément, si ça dépresse, ça va pas tenir longtemps) (ben oui, pourquoi pas ?)
Trouée nuageuse, œil du cyclone, jambes lourdes
(no comment) (œil du cyclope, personne dehors, un troupeau de mouton paisse, impair et passe) (a marché, a beaucoup (…)