Bref, tu n’as que trop tardé. Et, quoi qu’il sorte, que ça sorte, que ça s’éloigne, se mue, se retravaille, se façonne, se ponce, se lime. Dans le détail. Il faut du gros œuvre, une matière, argile un peu trop sèche et âpre sous les doigts, tu n’y pourras rien. Il faudra bien que ça sorte après tout.
Tu as peur de l’étron, je le vois, je le sens, du vomi, de la logorrhée. Mais ne vaut-il pas mieux ça que ce blanc ? Ce faux-semblant ?
Tu le sais, toi, tu le sais que tu procrastines, que (…)
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G.
Fiction G. Pour quelques explication succinctes, voir ce texte-là.
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Procrastination
25 janvier 2013, par Jérémie Szpirglas -
Fragment — Dérive
14 octobre 2010, par Jérémie SzpirglasNon, je ne veux pas. Je ne veux pas dériver, c’est hors de question. Ou alors donner une impulsion à cette dérive. La dérouter, la diriger, la maîtriser au moins.
En travers de ta route, jamais rectiligne, toujours de guingois.
C’est ton profil que tu présentes à l’adversité, ton trois-quart à tes amis.
Ton regard est traverciel, il glisse sur moi comme une goutte sur une feuille — se détache, tombe à terre.
Cessons un instant de jouer. -
Détour — Découragement
16 avril 2010, par Jérémie SzpirglasÇa pèse, le découragement, faut le soulever, porter ses cent kilos sur ses épaules, avancer.
Mêlons les époques, faisons de tous ses instants un seul. Le même, convergent, vers ce point d’équilibre incertain, d’une voix pleine de reproches.
Un haussement d’épaules, une pilule oblongue et blanche au creux de la paume inerte. On contemple sagement, sans une pensée — toutes les longues poses de contemplations qu’on qualifier sans réfléchir de « pensive », alors que l’esprit est le plus (…) -
Just another date…
22 mars 2010, par Jérémie SzpirglasIl t’a invitée.
Tu as accepté.
C’était naturel. Il n’y avait rien d’autre à faire.
Sa conversation était fluide et plaisante, délicatement parsemée de quelques références un peu au-dessus de la moyenne. Séduisant — sans trop — charmant — il le sait, en joue juste ce qu’il faut — et c’est l’ami d’une de tes amies (Elle t’a assurée qu’il n’y avait jamais rien eu entre lui et elle et que d’ailleurs, protestant, tu sais bien, tu m’connais, elle était heureusement mariée et que si quelque (…) -
VII
8 mars 2010, par Jérémie SzpirglasL’appartement du fantôme est vide depuis sa mort, laissé en friche, en l’état — le chaos reprend ses droits sur son espace minutieusement organisé. Une momie. On fait la poussière. De plus en plus rarement. Quelques élus sont admis pour visiter le sanctuaire. Heureusement, plus personne n’y vit.
On a pensé l’habiter. Un moment. Pas longtemps. Habiter deux appartements. Un pour le public, un pour l’intime. Mais le public devait quand même révéler tous les signes de l’intimité. Finalement, (…) -
Fragment II
24 février 2010, par Jérémie SzpirglasEncore un.
Ils sont nombreux. Nombreux, ceux qui essaient de lui ressembler. Qui imitent son look, cultivent le mal rasé, le plus ou moins sale.
Ils oublient toujours que tout ça n’était pour lui qu’apparence. Ce look n’avait de sale et de mal ficelé que ce qu’il renvoyait à l’œil indiscret et myope.
Encore un.
On les repère de loin. Pas même besoin d’être vous. Même moi. Je me dis : encore un.
Ils sont nombreux. Nombreux, ceux qui essaient de lui ressembler. Qui imitent ce qu’ils (…) -
VI
21 février 2010, par Jérémie SzpirglasIl est là, face à toi, et tu as presque oublié qui il est. Tu as oublié la raison de sa présence, ce que tu lui racontes. Tu parles, tu es ailleurs. Voilà à quel point tu as l’habitude de ces choses-là. Mécanique. Bien huilée. Tu n’as plus même besoin d’y songer, de les rappeler, de les convoquer pour les raconter — le cliché est là, à disposition, comme posé sur le buffet, tout près, sous ta main, avec dessus le fantôme magnifique et sublimé, et le sourire qui va avec, prêt à apparaître au (…)
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V
19 février 2010, par Jérémie SzpirglasLe téléphone sonne. C’est une ligne spéciale — sonnerie froide et impersonnelle, que tu as fait installer il y a une bonne dizaine d’années. Tu sais que ces appels ne te sont pas vraiment destinés. Un peu comme les vendeurs de fenêtres et double vitrage, les démarcheurs en service commandé pour banques/assurances/agences de voyage, machines loteries. Ces appels ne te sont pas destinés, ils sont pour la veuve, non pour la femme. Depuis le temps, tu sais à quoi t’en tenir.
Tu sais qu’un (…) -
Fragment I
18 février 2010, par Jérémie SzpirglasOn fait un pas en arrière. On s’écarte, les jours passent.
On aura bientôt oublié ce qui faisait le jour hier. Et pourquoi pas ?
Qu’avait-il, ce jour d’hier, de si séduisant, de si confortable ? Juste quelques sentiments à nourrir, quelques susceptibilités à ménager.
S’affranchir — quel beau mot — dépasser — trop juste —
Les talents sont pour si peu dans ce que les rêves suggèrent. Compter sur la force incertaine de la peur pour attiser l’espoir — fatigant.
Pourquoi pas refaire ce (…) -
IV
21 juin 2009, par Jérémie SzpirglasIl est là, face à toi, et tu as presque oublié qui il est. Tu as oublié pourquoi il est là et même ce que tu lui racontes. Tu parles, et tu es ailleurs. Voilà à quel point tu as l’habitude de ces choses-là. Mécanique. Bien huilée. Tu n’as plus même besoin d’y songer pour les raconter, de les rappeler, de les convoquer — le cliché est là, à disposition, comme s’il était posé sur le buffet, tout près, sous ta main, avec dessus le fantôme magnifique et sublimé, et le sourire qui va avec, prêt à (…)