20 ans après, un rêve se réactive. Bien sûr, il ne se présente pas pareil — pas du tout, même. Mais c’est le même sujet, ce sont les mêmes protagonistes, c’est le même sentiment d’inachevé, de désespoir au réveil. Voilà l’histoire : voilà 20 ans, au lendemain d’avoir fêté ensemble, chez lui, et avec de nombreux autres amis, le nouveau millénaire, mon meilleur ami est mort. Nous avons su après coup qu’il avait une malformation congénitale du coeur — à tous égards, il avait le coeur trop gros, (…)
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Et Freud dans tout ça ?
Quand le petit vélo s’arrête, la boutique obscure ouvre ses portes.
Rêves choisis.
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20 ans après
19 mars 2020, par Jérémie Szpirglas -
Jack
19 mars 2019, par Jérémie SzpirglasSous les traits rigolards de Jack Lemmon, un père de famille fait le singe dans le squelette d’une maison de bois en construction. Réduit à l’état de super-structure, elle lui sert de portique en même temps que de cage. Il va de frêle poutrelle en frêle poutrelle avec une aisance désarmante. Rien ne bouge à part lui. Aucune vibration. Et la scène est étrangement silencieuse.
L’instant d’après — ou, plus probablement, quelques heures plus tard dans ma nuit —, c’est un père (épaisse (…) -
Là
30 septembre 2010, par Jérémie SzpirglasLà, là, là et là (il pointe du doigt, en fronçant le nez), et puis là encore. Et ça ne fait qu’empirer (il est rouge, il sue, à bout de souffle), ça bouge un peu partout. L’autre tremble imperceptiblement (son visage est dans la pénombre, on voit ses mains, tranquillement empilées sur la table), l’air bourdonne.
Une carte gigantesque est étalée entre eux, qui brillent dans le cercle vacillant de lumière d’une lampe tempête accrochée au plafond.
Ils sont songeurs tous les deux.
Un livre (…) -
C’est une voix qui s’élève
3 septembre 2010, par Jérémie SzpirglasC’est une voix qui s’élève. Si si, je t’assure, une voix parmi la cacophonie des voix. Elle est rauque et lasse, voilà quelques siècles qu’elle se bat sans relâche, fatiguée par tant d’années de lutte, tant d’hivers qui ont voulu l’éteindre.
C’est une voix qui s’élève. Elle bourdonne à nos sens, sans répit. Elle se noue à la gorge, s’accroche à l’estomac. Son onde est délicate et diaphane, elle assourdit le nombril du monde. Aussi (peu) assurée que son impéril, elle se lézarde comme un (…) -
Évidence
11 juillet 2010, par Jérémie Szpirglasvoir enfin l’évidence s’imposer
le vol est souverain — la pièce est écrasée de lumière
visage mêlé, image baigné du jaune éblouissant des mémoires argent(ées)iques
l’élan spontané, comme un geste de dernier espoir, de dernier désespoir, réciproque, assoiffé, plein de gorges serrées
la culpabilité fait détourner la tête, repousser l’évidence
traduction à la terrasse ensoleillée d’un café — débat — sur le tableau noir, l’évidence à nouveau écrite : « (s’)curl up into bed together » (…) -
Dreaming / No Dreaming
7 juillet 2010, par Jérémie SzpirglasRêve à deux pendants.
Deux pendants aux prémices identiques, aux dénouements tout à fait différents.
Dans le premier — sans doute beaucoup plus long que les seuls fragments qui reviennent en mémoire — je sors d’un appartement. Pas le mien (conquête d’un soir ?). Dans le même temps, un narrateur "omniscient" (muni de sa caméra panoramique personnelle) me montre l’entrée dans l’immeuble (immeuble de banlieue, ou de faubourg, résidence dans le jardin propret parsemé de verdure partage les (…) -
Conciliabule d’indécis
4 juillet 2010, par Jérémie SzpirglasAutour de moi, souriants, cercle de décideurs pantins. Panoramiques sur ces visages ronds, joviaux, qui chacun à leur tour émettent en rythme un “chchaipas” — longue chuintante, sècheresse du tour.
De quoi parle-t-on ? Sur quoi s’accordent-ils ainsi ne rien pouvoir, ne rien savoir.
Nouveau tour de table — le rythme s’accélère — objectif plus près des yeux, quelque chose du clown entre les oreilles — immobilité de marionnette aux épaules.
M’apercevoir après la sonnerie du réveil — (…) -
Un pays de silence
5 février 2010, par Jérémie Szpirglas« Je t’aime — Je t’aime, dit-elle d’une voix douce et grave, avec ce petit empressement dans les consonnes qui seul la trahirait si son discours n’était si clair, Je t’aime — Je t’aime, répond-il, sa voix est singulièrement plus haute et légère, plus agitée, presque peureuse dans ses dentales, Si je ne t’aimais pas, je serais perdu dans un pays de silence. »
Aussitôt : a-t-il dit “pays” ou “océan” — “océan” serait plus attendu, “pays” fait un peu provincial, “pays” fait irrémédiablement (…) -
Cathédrie Bergédrale
24 janvier 2010, par Jérémie SzpirglasImage persistante au réveil. Pourquoi ? Et pourquoi cette infidélité dans la description ?
Dans une pierre dure et sombre, grossièrement sculptée, se taille un portail haut et étroit. Quelques grilles, de la lumière. Une bergerie aux dimensions de cathédrale, une cathédrale aux murs de bergerie. Haute et claire, la nef nue et bleutée s’illumine des rais multiples que laisse filtrer les pierres disjointes du chœur, dénué de vitraux. Le sol semble fait d’ardoises inégales, et je sais sans (…) -
« Quatre est sur le lit... »
6 février 2009, par Jérémie SzpirglasIl est comme ça des phrases qui vous tiennent infatigablement éveillés — qui vous hantent presque. Elles reviennent comme des litanies lancinantes. On a beau les chasser, on a beau essayer de les rejeter à part soi, devant soi, hors de soi, elles reviennent encore. L’esprit encore ralenti essaye alors de les exorciser — il les dissèque, les manipule, les triture, sépare les phonèmes, guillotine les mots, cherche un moyen de les vider de leur sens pourtant déjà mystérieux. On a l’impression (…)
Inachevé.net