Votre vie à vous c’est la liberté non ?
Il parle difficilement, langue pataude, engourdie, je détourne la tête.
Je me sens tout con. Je ne sais quoi répondre.
Finalement, je lui dis, en économisant mon souffle : ça dépend ce qu’on appelle liberté.
Réponse idiote — et il demande, c’est quoi pour vous la liberté ?
Encore un grand blanc — défilent des dizaines de citations. Aucune ne convient. Aucun philosophe n’a écrit quoi que ce soit que je pourrais lui répondre — alors que j’ai de (…)
Site de création littéraire plus ou moins expérimentale
Articles les plus récents
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Ligne 6
18 mars 2009, par Jérémie Szpirglas -
III
15 mars 2009, par Jérémie SzpirglasPour les autres ébauches du projet, voir là, là, là, là, là et là encore. Pour une petite explication de ce que je voudrais en faire : ici...
Ce n’était pas une promenade, ça l’est devenu.
Pourquoi prendre un taxi, ou même le métro, pour quatre stations et demie, surtout quand il y a de toutes façons un changement.
Et puis c’est le début du printemps, le vert et les valses s’annoncent dans l’air parfumé de fraicheur.
Il y a le jardin, les chaussures sont confortables. On marche. Le (…) -
28 février 2008 — 23 h 50
14 mars 2009, par Jérémie SzpirglasFinissons-en.
Il est là à nouveau. Ça fait un petit moment que je ne suis pas venue. Par peur sans doute. Par frustration aussi. Et puis ma vie m’a tenue éloignée quelques mois de ce bar — vous savez ce que c’est, de longues vacances, un nouvel homme, un couple chaotique et puis ça finit dans un drame mi-figue mi-raisin et avec tout ça, plus beaucoup de temps pour moi — je vieillis aussi, je me demande si j’ai toujours l’âge d’aller dans ces lieux bruyants, où les filles sont de plus en (…) -
29 février 2008 — petit matin
5 mars 2009, par Jérémie SzpirglasComment me suis-je retrouvé dans ce lit ? Grand blanc sur la soirée d’hier. Aucune idée de ce qui a pu se passer. Ce que je sais, c’est que ce matin, très tôt, j’ai été réveillé de la plus agréable manière. J’ai même pensé un instant être en train de faire l’un de ces rêves érotiques matutinaux dont je suis coutumier. Un plaisir diffus m’envahissait, s’intensifiait, se précisait. C’était une bouche sur mon corps, sur ma poitrine, une bouche bientôt sur mon sexe tendu, une bouche qui allait (…)
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3 mars 2007
28 février 2009, par Jérémie SzpirglasArrive chaque jour en milieu d’après midi. Entre 15 h 30 et 16 h 30. Petit, sec, un peu fripé, gros visage derrière de plus grosses lunettes. Commande un demi. Pose sa main droite sur la table, redresse la tête. Allume un cigare très fin qui fume déjà quand son verre arrive. Porte autour du cou, en bandoulière, un petit Leica qui garde ce cachet discret des beaux appareils des années 70-80. Regarde devant lui — il pourrait très bien avoir l’esprit vide, tout à fait, vide — ballet serein de (…)
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Sans-Titre XV
23 février 2009, par Jérémie Szpirglasmétro luisant dispute le drame s’ouvre la tragédie est grecque les larmes sont de sortie odeurs nauséabondes
Elle vient de découvrir que son petit ami a dragué sa soeur — et, qui sait, peut-être pire.
Lui se défend. Non, ce n’était pas de la drague — ça ne tient pas — les aveux vont croissants :
Oui, je l’ai draguée, mais c’était sans y penser, par jeu / pour le plaisir ludique de séduire / sans penser à mal / innocent et sans dessein.
Oui, j’ai eu — j’ai senti / j’ai aimé — un petit (…) -
À quand un permis de diriger ?
16 février 2009, par Jérémie SzpirglasC’est au sortir d’un énième concert très attendu (un programme séduisant, un soliste brillant, un orchestre qui nous avait déjà enchanté par le passé) et gâché par un chef incapable que je n’ai pu contenir une légitime colère contre tous ces gens qui pensent qu’il suffit d’un queue de pie et d’une baguette — qu’on tient comme un manche — pour devenir chef d’orchestre.
Non, messieurs ! On ne s’improvise pas chef d’orchestre ! (Phénomène étrange, et certainement flatteur à leur égard, les (…) -
Incertitude
10 février 2009, par Jérémie SzpirglasTout avait commencé par de l’incertitude. Plus personne n’était plus sûr de rien. Vraiment. Pas sûr de dormir, pas sûr de rêver, pas sûr de manger, pas sûr de demain et de l’autre et du soleil et de l’air qu’on respire.
Alors chacun angoissait dans son coin. On ne pouvait pas angoisser ensemble, car on ne pouvait jamais être sûr de l’autre, non plus, jamais être sûr de l’autre avec lequel on aurait pu angoisser, jamais sûr de son angoisse ni même de son existence alors quoi. On restait (…) -
« Quatre est sur le lit... »
6 février 2009, par Jérémie SzpirglasIl est comme ça des phrases qui vous tiennent infatigablement éveillés — qui vous hantent presque. Elles reviennent comme des litanies lancinantes. On a beau les chasser, on a beau essayer de les rejeter à part soi, devant soi, hors de soi, elles reviennent encore. L’esprit encore ralenti essaye alors de les exorciser — il les dissèque, les manipule, les triture, sépare les phonèmes, guillotine les mots, cherche un moyen de les vider de leur sens pourtant déjà mystérieux. On a l’impression (…)
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Encore dans l’air
5 février 2009, par Jérémie SzpirglasLa phrase est encore dans l’air, mais je continue, je laisse passer, un peu comme la pluie quand on est déjà trempé — les chaussettes dans les chaussures sont comme de vieilles éponges mal essorées, ça fait flotch flotch et on continue pourtant à marcher, on a hâte, on hésite à s’abriter un instant, c’est froid — les mots sont encore suspendus aux nuages et je continue, je laisse passer, je ne m’en préoccupe pas. Je m’avoue à moi-même à cet instant que je ne sais même pas ce qu’elle a dit, (…)