Rien que d’penser que j’pourrais, ça m’fait marrer. Je dois avoir l’air bien con comme ça, à rire tout seul — à pouffer, on entend le souffle haletant de l’hilarité — en regardant du coin de l’oeil, si cillé par le rire qu’on le distingue à peine.
Et je les vois, les autres, si empesés, amidonnés, préparés, masqués et apprêtés, pénétrés, carrant les épaules, bombant discrètement — mais sans naturel — la poitrine, exposant sans tact leurs cuisses à demie écartées. Et je me marre. Je me (…)
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Articles les plus récents
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Rien que
28 avril 2009, par Jérémie Szpirglas -
La facilité
27 avril 2009, par Jérémie Szpirglas— Aller, avoue-le, c’est par facilité, non ?
-- Non, vraiment, je ne vois pas ce que tu veux dire.
-- Mais si, tu sais très bien. Seulement tu ne veux pas l’admettre, tu ne veux pas te l’avouer même si, au fond de toi, tu sais bien que c’est la vérité, tu en connais la vérité.
-- Non, vraiment non. Rien n’est facile là-dedans. Entre en jeu de l’effort, de l’intelligence, et jusqu’à une capacité d’adaptation que tu ne pourrais même pas imaginer. Une forme de dépassement de soi. En quelque (…) -
Une courte pièce
21 avril 2009, par Jérémie SzpirglasEn haut, une estampe japonaise (reproduction, une de ces cartes postales un peu chic, repliée sur elle-même), dérive à gauche, une enceinte (datée), deux bougies dans des verres ronds (ventres évasés, verre transparent), un cintre (bois), une autre bougie (cube percé d’arabesques, pour projections odorantes), un miroir, retour à droite, un étendoir (avec, sous deux vastes draps noirs, une collection de vêtements et sous-vêtements délicats).
Le regard revient, se repose, coupable. « On » se (…) -
Paris — 11 avril 2009 — 2 h 20
11 avril 2009, par Jérémie SzpirglasQu’importe après tout, qu’un mot ne soit qu’un mot, qu’une phrase ne soit qu’une phrase, et que rien ne nous soit révélé.
Ce ne sont que des mots en l’air, même quand ils sont écrits, dans la lourdeur du papier, ou l’irréalité des 0 et des 1 (sont-ce encore des 0 et des 1 quand ils sont si nombreux ?). Ils n’engagent à rien, justifient ou motivent tout.
Alors pourquoi me les arracher ainsi, pourquoi cette envie de les vomir, pourquoi cet engourdissement de ma langue lorsqu’ils remontent, (…) -
Danse devant mes yeux
8 avril 2009, par Jérémie SzpirglasC’est parti.
Danse devant mes yeux je t’en prie je t’en prie et non je ne te supplierai pas ça ne te suffit pas que je te prie il te faut plus il te faut des cris et de la fureur du sang et du sperme il te faut des agonies et des naissances les deux ensemble peut-être bien Danse devant mes yeux rouges et rougis je te veux je le veux je t’en prie récurrence du je du jeu du jeun dans ma prière à toi dans ce que je t’écris à toi à toi sans autre issue possible Danse devant mes yeux fatigués (…) -
Ocre et ombre
8 avril 2009, par Jérémie SzpirglasVisage d’ocre et d’ombre noire, bras effondrés, épaules affalées, les yeux fermés, même fermés, luisants caverneux. Plus loin une silhouette s’éloigne, démarche coupable, précipitée, coups d’œil nerveux. Et le soleil écrasant qui a remplacé le vent affolant. La poussière soulevée est encore suspendue, l’air est trouble au ras du sol, déforme les pavés et les plaques d’égout anachroniques. La place est déserte, les arbres ne disent plus rien, ils contemplent muets la scène, n’osent entraver (…)
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1er avril 2008
29 mars 2009, par Jérémie SzpirglasJe n’y mets plus les pieds.
Mon projet n’a plus de sens, s’il en a jamais eu — (vain) exercice de style dégénératif, envahissant ma vie à la manière d’une tumeur (bénigne, j’espère) et échappant à ma plume. Il m’a échappé. Tout à fait. Ou raté. Tout à fait. Je ne sais plus que faire de ce lieu, de ces milliers de personnes qui peuplent les pages de mon carnet, de ce foisonnement incessant et impénétrable, de ces vies qui m’échappent, imprescriptibles, indiscernables, incernables.
Quand (…) -
1er avril 2008
29 mars 2009, par Jérémie SzpirglasFaut bien se faire une raison. D’habitude, après une rupture, on se partage les amis. Nous, même si ce n’était ni une relation ni une rupture, on se partage les lieux. Et, sans le consulter, je lui laisse le bar.
J’y vais si rarement ces derniers temps, ce n’est pas une grande perte, anyway.
Seulement je suis vexée. Vexée de ce rien, de ce vide. Je m’en étonne et je m’étonne de m’en étonner. Étonnée de tenir tant à cette chimère d’une nuit. Étonnée de cet attachement sans rime.
Bref, (…) -
Bleu Remix
28 mars 2009, par Jérémie SzpirglasTout se passe autour d’une boite, avec un homme dedans. Que cet homme soit immobile, presque nu et qu’il sue bleu, aussi impressionnant que ça puisse paraitre, est somme toute anecdotique. Il est là, il s’expose, et les gens le regardent, ils sont venus pour ça.
Un homme dans sa boite, presque nu, traînées bleues sur son corps.
Performance. Immobilité du corps, activité interne. Exsudation de bleu (après ingestion de bleu de méthylène). Musique Bleu Remix (de Daniel Zéa) à partir de (…) -
« Se perdre »
25 mars 2009, par Jérémie Szpirglas« Se perdre » n’a pas pour moi une signification géographique — je me perds rarement, même dans une ville inconnue, ou bien si brièvement que ça ne compte pas — certes, j’en ai parfois peur, mais cette peur maintient éveillé cet instinct d’orientation, qui est bien plus qu’un simple sens.
« Se perdre » a parfois pour moi une signification affective, ou plutôt psychologique — mais c’est non seulement rare, voire exceptionnel, mais surtout très mauvais signe — et, de toutes façons, même si (…)