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Dans l’ombre

lundi 25 janvier 2010, par Jérémie Szpirglas

Crâne de renne, bois brandis, buche calcinée

Fourrure triste et terne qui pend trempée comme membre flasque,

Pierres et terres vermoulues, souvenirs de lumière,

Préservées au cœur du cœur, au fond du fond

Forêt touffue qui se meurt de soi,

Bambous raidis par le vent et le sable

À quelques mètres d’une onde salée,

Inaccessiblanche et pâle.

Plus loin, une tombe écartée, une tombe ignorée,

Sans nom ni floraison,

Ignorante des saisons et des cris d’enfant.

Dressées, les frondaisons roidies ne frissonnent plus,

La brise a deserté le monde,

Plus rien pour faire chanter le crâne,

Tel le soleil un Memnon héliophone préircamien.

Traveling arrière, la forêt sèche et touffue devient bois, bosquet, minuscule tache de vert passé,

Se dessine à l’horizon embrumée la silhouette froide

D’une autre forêt stricte et vierge,

De hauts grattes-étoiles figés.