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5 avril 2007
D’une admission fortuite — J.E.S., ébauche pour Lucile et Aude
dimanche 1er février 2009, par
Les tables ici sont si serrées qu’elles permettent non seulement les oreilles indiscrètes, mais donnent lieu à des quiproquos savoureux, sans conséquence dramatique, même quand elles sont érotiques.
Imaginez un large groupe d’amis. Ils se sont donnés rendez-vous là, ne se connaissent pas tous forcément et arrivent au compte goutte. On rencontre des amis d’amis, on amène qui on veut, la personne avec laquelle on a passé l’après-midi, le nouveau copain, la future copine qu’on essaie de séduire, etc.
Imaginez aussi, ensuite, à une table à côté du groupe nombreux, qui déborde de toutes parts, un type qui boit un coup là.
Un nouvel ami (ou une nouvelle amie) du groupe arrive. Elle ne connaît pas tout le monde, fait le tour des bonjours, et salue par inadvertance l’autre type, pourtant étranger à tout ça, qui se trouve involontairement embringué dans la mécanique du groupe. Tant pis. Ça y est. Ils en font parties. Plus le choix. Du moins pour la soirée. On va les emmerder, leur demander leur avis, ce qu’ils foutent. On va les regarder. Au début, d’un air gêné, pour s’excuser de l’impair, puis parce qu’ils sont hors du groupe, qu’ils permettent de s’en évader, d’en sortir au moins quelques instants et d’échapper à la mécanique parfois étouffante de la bande d’amis.
On s’intéressera à eux parce qu’on connaît les autres, ou parce qu’ils symbolisent une part de mystère, d’inconnu et d’aventure pour la soirée — soirée qu’ils pourront plus tard raconter par le menu ou se remémorer, l’étranger devenant ce qui a rendu cette soirée singulière et inoubliable — : mystère de leur présence, de leur familiarité grandissante. Et l’étranger pourra parfois finir la nuit avec l’une d’elles.
Encore l’océan des possibles. Toujours là.