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Ccilhés

11 janvier 2010

Admirable extase ! Sur l’étang qui passe, tu flottes en majesté, blanche et pure, tu brilles d’autorité face à la nue qui te sourit. Tu n’as que ce choix, d’un vol d’azur et de grâce, abandonnant derrière toi tout rêve d’intime ou d’intérieur, de corridors étroits et de colimaçons malaisés. Tu vas droit, jamais ne tourne ou ne détourne ton regard, devinant seulement les fosses ardentes qui parsèment de droite ou de gauche et tenteraient tout coeur plus faible.

Ton esprit est vierge — quel repos, enfin, gagné à la sueur de ton front, qui tache l’oreiller —, tu n’as plus droit ni au spleen ni au stream. Pièce vide, garde le souvenir des meubles jouant dans la lumière changeante, jeu de portes sans fin, union inattendue sans enfilade, comment savoir où tu es, tu ne le sais pas toi-même, tu n’en as ni le droit (qui passe) ni le loisir (qui lasse).

Pourquoi alors cette joie à chaque marche, cet envol en gravité et gravissant, cette peur d’une cage qui s’étrécit, de degrés qui s’échappent, s’enfuient, s’éludent, s’évanouissent sous chacun de tes pas glissants ?

Moiteur, porosité, viscosité de l’air qui te porte comme l’eau stagnante, lourde et trouble, le cygne qui se meurt.



Dernier ajout : 9 mars. | SPIP

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