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Sans-Titre IV
lundi 9 juin 2008, par
What is it that made 2007 such a great year and 2008 such a bad one ?
More and more, happiness fades away.
I have to get rid of this notebook too. It’s clearly bad luck or, at best, it doesn’t bring good things as a Moleskine would.
Nobody believes in such a notebook. Nobody. It’s no use : how could I believe in it myself ?
La gorge brûle, l’oreille gauche lancine de temps à autre, le reste n’est pas super dans ses baskets, c’est le moins qu’on puisse dire.
Travailler, dormir, écrire, quelle alternative. Sachant que mon travail ne mène à rien, et surtout pas à l’épanouissement.
Dois-je persévérer ? je ne suis pas certain. Je n’en ai jamais été certain, d’ailleurs, et je ne doute pas qu’il en soit ainsi for years to come. Mais sérieusement, je ne sais sous quelle forme m’exprimer, avec ce qui sort depuis quelques temps.
Enchaîner les textes à la première personne ? tels que je les écris dans ces pages ? Ou des textes saynètes de pseudo fiction plus ou moins délirante ? Tout cela n’a ni queue ni tête, je ne suis même pas certain que ce soit intéressant, ni même bien écrit.
La langue. Le travail sur la langue ne se fait pas sur la page, ne se fait pas du bout du stylo — comme celui du marbre se ferait du bout du ciseau — il se fait très loin au-dedans, en amont, quand je n’écris pas justement, quand j’essaie de n’y pas penser, quand j’essaie de m’écarter de la langue, de ne pas m’en préoccuper. Il se fait sans moi, enfin pas vraiment sans moi (comment serait-ce possible ? Je ne crois pas à l’idée qu’une quelconque divinité, qu’une quelconque instance supérieure à moi me dicte quoi que ce soit, et je n’ai absolument pas cette prétention non plus — car, avouons-le, c’est extrêmement prétentieux), mais à mon insu, certainement.
Sentiment étrange de parvenir à un certain achèvement d’écriture lorsque celle-ci se fait sans se soucier de la phrase, ni même du mot.
Écriture automatique ? Peut-être bien. Mais non, si on y réfléchit un peu plus, ce n’est pas tout à fait de cet ordre-là. De l’ordre de l’esquisse, sur le vif. Une image fulgurante à l’esprit, que je veux saisir. Le texte sur la pluie, ce sentiment de détresse urgente qu’il me fallait mouiller de larmes qui ne sont pas les miennes — car les miennes ne voulaient pas sortir.
Les mots sont comme cette pluie, comme cette plaie. Ils m’arrivent de je ne sais où et je ne suis là que pour leur donner quelqu’un sur qui dégouliner. Mais c’est la même urgence, la même détresse exactement. Ce sont alors de courts textes, de courts textes expérimentaux, non narratifs.
Esquisses, études, dont le tableau entier m’échappe, bien trop large pour mon pauvre esprit.
C’est peut-être pour ça que m’est venue l’idée de les intituler Sans Titre I, II, III, etc.
Parce que justement, je suis bien incapable de leur donner un titre, une promesse, ou même une tentative. Même à la fin, quand le texte est « achevé » — je dis achevé, mais il ne l’est en réalité jamais, éternellement en suspens, continument inachevé, perdu et boitant de lui-même dès que je l’abandonne — je le relis, mais je suis bien en peine de savoir ce que j’y ai mis.
Alors « Sans-Titre », comme les peintres abstraits, comme les sculpteurs. Il est injuste (et totalement incohérent) que ces dénominations soient réservées à ces autres arts (j’ai même entendu un « Sans-Titre » musical) et soient « interdites » aux écrivains.
Nous manions les mots et le sens, mais ce n’est pas pour autant que nous savons.
Quand j’y réfléchis, c’est pourtant bien ça, ce qui se passe ici, dans les textes « réflexifs » comme dans les fausses fictions. Et c’est peut-être justement l’une de leurs principales « beautés », ou, comment dirions-nous, principales qualités, que d’être ainsi non seulement inachevées mais aussi inachevables. Elles sont ainsi inépuisables.