Les mots sonnent — écho — les syllabes tournent.
Sur elles-mêmes. S’enlacent les unes aux autres.
Je repense à un vieux problème de géométrie — quelque droite parallèle, un cercle et son rayon — je me souviens de cette jouissance éclatante de la résolution — limpidité, naturel.
La bouche ouverte, je lâche un son sans le vouloir. Qui ne me parvient que beaucoup plus tard, avec une teinte amère de déception. Ou une teinte déçue d’amertume. Ou une amertume déçue d’être trop tentante. (…)
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Comédie
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(h)istoire
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Étrange, ce sentiment exaltant d’une liberté conquise et pourtant incertaine, d’un point de non retour, d’une aveugle balance, à portée de main, qui décidera du destin et peut-être de la mort de millions.
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12 janvier 2011, par Jérémie SzpirglasC’est alors qu’il se trouve au pied d’une montagne, d’un monument. D’un roc isolé, engageant son éperon contre la grisaille de plomb d’un ciel trop bas pour être de là-bas. Le ciel est rouge de colère, et la montagne rougeoit sous sa coupe — nulle verdure, la roche luit sombre et écarlate comme du sang, sous son œil et le regard de la nuit. Péniblement, il pousse son inutile fardeau le long du sinueux sentier qui mène — espère-t-il — au sommet de l’éminence ardente. Il peine, ses yeux fixés (…)
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11 novembre 1983…
6 janvier 2011, par Jérémie SzpirglasJe lisais déjà. Un peu, beaucoup, en désordre. De tout. Des romans, des essais, de la science-fiction ou de la bande-dessinée. Me souviens de mon grand-père maternel, cheminot, militant communiste et syndicaliste qui m’emmenait acheter Pif Gadget. Il me semble bien que c’était le jeudi à l’époque. Oui, c’était le jeudi. C’était au temps de l’enfance. Je lisais déjà. Un jour, ce fut jour d’hapax. Je ne connaissais pas ce mot évidemment, ce qu’il signifiait, ce qu’il symbolisait. Ne (…)
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Elle fait des
19 décembre 2010, par Jérémie SzpirglasElle fait des gros O.
Des O tout ronds, énormes.
Des O monumentaux, caverneux, qui ouvrent des abîmes béants dans sa page...
Quant à ses M, ils sont mamelonesques
Comme autant de ponts suspendus gigantesques.
D’un bout à l’autre de ses lignes.
Ses C sont autant de signes d’inclusion qui avalent sa langue tout entière, tout rond, sans mâcher.
Le reste n’est que batons sans liant ni maizena, skyline hiératique étalée de phrase en phrase.
Ecriture aplatie, hiéroglyphique.
Elle (…) -
Au fil du Quintette
7 décembre 2010, par Jérémie SzpirglasNotes prises durant l’interprétation du Quintette avec piano op. 44 de Schumann, le 2 juillet 2010 dans la cour du Palais de Berberie d’Albi à 21h00 dans le cadre du Festival Tons Voisins. Les interprètes étaient : Eric Lacrouts, Simon Milone (violons), François Gnéri (alto), Alain Meunier (violoncelle), Denis Pascal (piano).
Travail d’écriture dans l’instant, en préparation de ma fiction autour du Quintette avec piano de Schumann...
1. Allegro brillante
Là — Tu es là — si forte — si (…) -
— Sans titre
3 décembre 2010, par Jérémie SzpirglasJe suis une battante. Je suis une battante. Je suis…
Je ne me suis jamais arrêtée. Portée par un dynamisme hors du commun, j’ai traversé la vie comme un joyrider. Pas le temps de penser. Plus vite, plus haut, plus fun. Search & Destroy. Sans le Search. A runaway girl of the nuclear a-bomb. Tu parles. ESSEC sans prépa. A sec t’as vu, comme mes-yeux-profonds-comme-la-nuit disait l’autre cramé père de ma fille, entre deux vodkas Red Bull, les pupilles aussi dilatées que la chatte d’une (…) -
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1er décembre 2010, par Jérémie SzpirglasPas de course et pas de vis,
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5 novembre 2010, par Jérémie Szpirglashttp://maps.google.fr/maps/ms?hl=fr&ie=UTF8&msa=0&msid=105452997562689034800.000493c3d06406df41912&t=h&z=13
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