je lis
sans penser
je lis
sans se soucier du sens
je lis
sans essayer de comprendre
je lis
je me laisse porter, je me laisse charrier tel lourd alluvion par le courant tranquille du fleuve de ton verbe, sans regarder, sans prêter attention à autre chose que cette simple sensation de glisser, d’être porté, d’être supporté, de planer au-dessus en-dessous du sens, du beau, de l’équilibre
je lis
plutôt que de deviner perspective improbable, je laisse fuir au-delà mon regard (…)
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Articles les plus récents
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je lis
29 juillet 2010, par Jérémie Szpirglas -
sans place
28 juillet 2010, par Jérémie Szpirglassans place, les yeux au raz de l’eau, j’en suis tranquillement, consciencieusement le cours, je scrute la berge sans savoir qu’attendre, contemple les falaises abruptes, dont l’à pic rougit dans le soir
l’eau fait masse sur mon corps, les menus arbustes défilent décharnés, vert domine sur bleu, le silence réverbère quelques murmures sur la froide paroi, j’avance sur place, déterminé, les pieds levés en signe d’acceptation
majestueux et froid, indifférent à tout et surtout à moi, le lieu (…) -
Improvisation
27 juillet 2010, par Jérémie Szpirglasdénouer, ôter, abandonner le manteau-carapace qui brille pourtant si fort au soleil, coquille dorée que tu as mis tant de temps à te forger, patiemment, au jour le jour, souffrant à chaque coup de marteau sur les doigts, ne plus avoir ce trait d’ombre dans lequel se fondre
dénouer, ôter, glisser d’un uniforme l’autre, jusque dans cette tenue fameuse qui te vit chuter sans appel, qui te voit sans défense enfin, face contre l’oreiller, face à la nuit dans laquelle tu sais enfin sortir de (…) -
Évidence
11 juillet 2010, par Jérémie Szpirglasvoir enfin l’évidence s’imposer
le vol est souverain — la pièce est écrasée de lumière
visage mêlé, image baigné du jaune éblouissant des mémoires argent(ées)iques
l’élan spontané, comme un geste de dernier espoir, de dernier désespoir, réciproque, assoiffé, plein de gorges serrées
la culpabilité fait détourner la tête, repousser l’évidence
traduction à la terrasse ensoleillée d’un café — débat — sur le tableau noir, l’évidence à nouveau écrite : « (s’)curl up into bed together » (…) -
Surf sur le vague ?
8 juillet 2010, par Jérémie Szpirglassans savoir pourquoi, cette sensation de vague — dérive dans la nuit (souvenir des étonnements d’enfant lors de voyage en train, défilement devant fenêtre imperturbable), flottement des lumières urbaines qui s’écoulent sur l’asphalte chaud — l’oreille cherche, interne, l’équilibre, les repères manquent
le basculement est imperceptible — le visage ne verdit pas, pâlit à peine — les yeux sont secs — les pieds foulent
vague sensation de vague qui l’emporte vers la grève de l’âme — vague (…) -
Dreaming / No Dreaming
7 juillet 2010, par Jérémie SzpirglasRêve à deux pendants.
Deux pendants aux prémices identiques, aux dénouements tout à fait différents.
Dans le premier — sans doute beaucoup plus long que les seuls fragments qui reviennent en mémoire — je sors d’un appartement. Pas le mien (conquête d’un soir ?). Dans le même temps, un narrateur "omniscient" (muni de sa caméra panoramique personnelle) me montre l’entrée dans l’immeuble (immeuble de banlieue, ou de faubourg, résidence dans le jardin propret parsemé de verdure partage les (…) -
À côté de
6 juillet 2010, par Jérémie Szpirglasla plaque
à côté de la plaque
des années que j’entends ça, ça résonne à mes oreilles — quand je passe sur une plaque (d’égout), quand je grignote une plaque (de chocolat), quand je relève une plaque (d’immatriculation) après un délit (de fuite) (oups), quand je change les plaque(ttes de frein), quand j’offre un bijou (plaqué) argent, quand je construis un meuble en (contre)plaqué, et même quand on me parle de rugby et de plaqu(âge) — et cette sensation d’être en effet à côté
Ainsi, ça (…) -
Conciliabule d’indécis
4 juillet 2010, par Jérémie SzpirglasAutour de moi, souriants, cercle de décideurs pantins. Panoramiques sur ces visages ronds, joviaux, qui chacun à leur tour émettent en rythme un “chchaipas” — longue chuintante, sècheresse du tour.
De quoi parle-t-on ? Sur quoi s’accordent-ils ainsi ne rien pouvoir, ne rien savoir.
Nouveau tour de table — le rythme s’accélère — objectif plus près des yeux, quelque chose du clown entre les oreilles — immobilité de marionnette aux épaules.
M’apercevoir après la sonnerie du réveil — (…) -
Sur un mur
29 juin 2010, par Jérémie Szpirglasinquiétudes de plomb sous un soleil d’orage — on avance petitement entre ombres et trouées — un noir boa m’étreint l’estomac, asphyxie un muscle après l’autre — noir gris vert sombre, nuances panoramiques — le nez dedans, la paupière baissée — le fiel se déverse, l’escalier en est inondé, glissant, inutile
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Au violon
13 juin 2010, par Jérémie SzpirglasJe le vois, il a les yeux qui brillent. Là, oui, là, juste au-dessus des chevilles. Et il me sourit, un sourire large, lumineux, il m’attend sans craquer, il m’attend sans grincer (des dents). Curieusement allongé, le violon offre aux regards ses courbes indécentes, et siffle derrière ses lunettes les filles qui passent. Un vieil ado, le violon. Il n’a pas grandi, ne grandira pas. Pas plus que ça. Trop heureux de tenir là, dans le creux de l’épaule. Il en a connu des épaules, c’est un violon (…)