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13 juin 2008

18 juin 2008

En discussion avec un type que je connais à peine, viens de rencontrer.

Il reçoit un coup de fil à propos d’un entretien qu’il doit donner — on lui demande le nom d’un auteur qu’il aime. Même s’il ne me connaît pas, comme il en a un peu rien à foutre de cet entretien et du type qui lui pose les questions au bout du fil (que j’identifie comme //) pourtant sur un ton sympathique, il veut donner le mien et me demande comment je m’appelle.

Comme mon nom est difficile, je décide de le lui écrire. Je me lève, fais un pas vers son bureau et cherche un papier sur lequel écrire.

Difficile d’en trouver un qui ne soit pas encombré de gribouillis — et je ne veux pas gâcher une belle feuille quadrillée juste pour écrire mon nom.

Finalement, ce sera le coin d’une enveloppe. Mais à chaque fois que je commence à écrire les premières lettres de mon nom, je trouve mes lettres mal formées, illisibles et peu ressemblantes. Alors je réessaye à côté, change de feuille, trouve une autre enveloppe.

J’écris avec un stylo bleu V5-Pilote (bizarre, mon habitude serait plutôt un stylo noir V5-Pilot) dont la pointe commence à s’encombrer, comme si l’endroit que j’avais choisi pour écrire était badigeonné de Tip-Ex, ce que je n’avais pas remarqué. Nouvelle feuille et à nouveau même problème : la feuille entière (une copie ?) en est couverte.

Je commence un peu à paniquer : il doit donner mon nom, au type au bout du fil, il va s’affoler, et puis c’est quoi, ça, un auteur qui ne sait même pas écrire son nom ? Tout se mêle : l’urgence d’écrire mon nom, l’angoisse des lettres mal formées.

Mais, à la fois, le type en face de moi, assis tranquillement à son bureau, n’a pas l’air de s’affoler : peut-être doit-il répondre par écrit ?

Mais la mine s’encombre, je la nettoie, sur une autre feuille de papier, entre mes doigts, je vais pour réécrire à côté, rien n’y fait, rebelote, c’est pire. C’est un peu une torture à la Sisyphe.

À chaque nouvelle tentative, la mine devient de plus en plus comme un fin pinceau encombré de peinture blanche, il est impossible d’écrire, elle s’écrase, s’élargit.

Sur le papier, par contre, j’arrache des pans entiers de Tip-Ex à présent, dévoilant quelques mots indistincts.

La panique est ressentie de plus en plus froidement.

Distance.

Réveil.

Je ne peux m’empêcher de penser que ce rêve me parle de mon désir de reprendre un manuscrit repris déjà un nombre incalculable de fois.



Dernier ajout : 18 avril. | SPIP

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