Il m’énerve à écrire constamment. Je sais bien que, de temps en temps, ce n’est pour lui qu’un travail fonctionnel, laborieux, strictement lucratif (me suis un peu renseignée sur lui auprès de mes amis serveurs). Mais je suis certaine que, la plupart du temps, il écrit sur ce qui se passe dans le bar. Il est bien trop attentif à ce qui se passe autour e lui pour qu’il en soit autrement — rien à voir avec l’écrivain distrait, perdu dans ses pensées et ses abymes. Son attention se focalise sur (…)
Site de création littéraire plus ou moins expérimentale
Articles les plus récents
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5 juillet 2007
2 juillet 2008, par Jérémie Szpirglas -
Commencer un texte sans
2 juillet 2008, par Jérémie SzpirglasCommencer un texte sans savoir du tout où il va nous mener. Mais sans être guidé par un élément extérieur non plus. Se laisser aller au fil de la plume. Le problème est à la fois dans l’amorce et dans l’abstraction. Deux phénomènes dont l’ouverture doit être méticuleusement dosée, tout en restant totalement spontanée. L’aile d’une mouche, le voyage zigzagant de ce point noir dans l’espace rougeoyant. On ne le suit des yeux qu’à moitié. La trajectoire est suggérée par les mouvements de l’œil, (…)
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Un jour de novembre 2006
2 juillet 2008, par Jérémie SzpirglasQue faire d’un bar comme celui-ci dans une fiction ? Nulle personne saine ne passerait plus de temps que ça ici.
Un bar branché, c’est tout. Normalement, ça n’a d’intérêt que ponctuellement, on y fait se dérouler une scène particulière, une rencontre, une dispute, des abus alcooliques, pour donner le ton d’une relation, brosser un grossier portrait ou plonger le lecteur dans une atmosphère comme on le plongerait dans un aquarium.
Rien (ou peu) du quotidien de chacun ne se révèle ici. Ce (…) -
Sans-Titre XII
1er juillet 2008, par Jérémie SzpirglasEst-ce elle ou n’est-ce pas elle ?
Si je pouvais l’écrire, ce ne serait pas qu’une impression : la coiffure et la conversation, dont je n’entends que ses répliques, ne me laisseraient aucun doute.
Et si je pouvais l’écrire, j’agirais, je ferais quelque chose : car elle serait la femme idéal, même s’il n’en est rien.
Elle a cette voix un peu profonde et nasale, presque rauque, qui est aussi sa signature. Une voix qui porte sans être volatile ou même volubile.
Elle sait sans aucun (…) -
Sans-Titre XI
30 juin 2008, par Jérémie SzpirglasQu’il fasse vite. Plus vite encore. C’est ça le pire.
Le pire, c’est l’attente. L’expectative. Comment, quoi.
On sait que ça arrive, que ça va arriver, flash impromptu, inattendu. On sait que ça y est mais on ne sait rien. Ça ne suffit pas. On veut savoir où quoi. Ce que ça va faire.
Chatouille gratouille, franc, mou, combien de temps où ça exactement. On sait pas.
C’est ça la torture. Le reste n’est que physique, ça compte pas.
C’est la même chose pour le plaisir, me direz-vous... (…) -
Sans-Titre X
30 juin 2008, par Jérémie SzpirglasLa décision est prise.
Pour fêter ça, boire un grand coup. Finir le verre en beauté, le jeter violemment derrière le bar, au hasard. Payer, sortir sans excuse ni au revoir. Inaugurer radicale nouvelle ère.
Marcher au milieu du trottoir, ignorer vieilles dames ou jeunes messieurs mal coiffés (les pauvres, c’est dramatique). Traverser forcément hors des clous, en forçant le passage aux voitures (plus salauds encore que toi : ils polluent).
Rentrer à la maison, claquer la porte. Direct tu (…) -
La peur
29 juin 2008, par Jérémie SzpirglasLa peur sous toutes ses formes.
La peur polymorphe.
Peur rétroactive d’un danger mortel, peur empathique, peur de l’engagement, peur de la confrontation, peur de l’avenir, peur de ce qui pourrait advenir. Peur commune, peur abjecte, peur de tous les jours.
Les pouvoirs de la peur. Inhibitrice, galvanisatrice, la peur qui rend inconscient, stupide, idiot, la peur qui déprime, la peur qui vit constamment. La peur qui rend malheureuse(x). La peur qu’on n’exorcise jamais.
L’expérience de (…) -
Paris — mercredi 25 juin 2008 — avec le café
25 juin 2008, par Jérémie SzpirglasUn mercredi car 28.
Souriez, c’est l’été. Quand l’été va tout va.
Ciel distingué, à la fois élégant et sans prétention. Pose ses doigts blancs et délicats, bien blancs, bien délicats et bien fins. Marchent à un train de sénateur de Sud-Ouest en Nord-Est.
Il fait bon, bon pour une journée d’été, bon pour aujourd’hui, peut-être encore un brin chaud, nous n’avons pas eu l’orage : il est en retard, il aurait du gronder, peut-être a-t-il grondé, on n’en sait rien.
On pourrait être en bord (…) -
Paris — Nuit du 24 au 25 juin 2008 — vers 2 h 58 et 39 secondes
25 juin 2008, par Jérémie SzpirglasÇa fait longtemps que je n’ai pas écrit dans cette rubrique là, et le fait que j’écrive ce texte aujourd’hui n’est sans doute pas un hasard. Enfin bref. Depuis un peu moins de dix jours que je n’ai pas écrit, l’été a pris ses quartiers dans notre capitale. La chaleur de ce 24 juin a été forte, sans toutefois être complètement étouffante : on connaîtra pire dans les mois qui viennent, certainement, mais ça fait longtemps. On n’est plus habitué. Et puis c’est un ciel lourd, qui sent l’orage (…)
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Sans-Titre IX
25 juin 2008, par Jérémie SzpirglasElle le précède dans le bar. C’est elle également qui s’adresse au serveur pour lui demander une table. Elle est fine et longue, brune sensuelle vêtue de noir, une jupe sobrement droite. Lui est derrière elle, la suit, n’ouvre pas la bouche, balaie la salle d’un regard méchamment viril, martial et prédateur — et un peu stupide aussi, borné surtout —, jette un coup d’œil au miroir pour s’assurer de l’effet de son entrée aux côtés de sa sirène. Le col remonté, il est plus petit qu’elle, (…)
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