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La peur

dimanche 29 juin 2008, par Jérémie Szpirglas

La peur sous toutes ses formes.

La peur polymorphe.

Peur rétroactive d’un danger mortel, peur empathique, peur de l’engagement, peur de la confrontation, peur de l’avenir, peur de ce qui pourrait advenir. Peur commune, peur abjecte, peur de tous les jours.

Les pouvoirs de la peur. Inhibitrice, galvanisatrice, la peur qui rend inconscient, stupide, idiot, la peur qui déprime, la peur qui vit constamment. La peur qui rend malheureuse(x). La peur qu’on n’exorcise jamais.

L’expérience de la peur, le spectre, la pâleur mortelle de la peur. La peur comme expérience première.

Mettre à mal les lieux communs sur la peur : "La peur est une bonne chose. Avoir peur signifie qu’on a quelque chose à perdre, quelque chose à laquelle on tient". La vie serait-elle donc un objet dont on a peur d’être dépossédé ?

Qu’y a-t-il sous ce mot de peur ?

Il y a quelques années, j’ai commencé une nouvelle où je voulais parler de l’attente — j’ai horreur d’attendre. Parler de ces angoisses de l’attente, des attitudes d’un homme (ou d’une femme) qui attend. Je me souviens d’avoir ouvert l’Encyclopedia Universalis et recopié des articles entiers : "Attendre" "Attente" "Attenter" "Tentation", le tout nécessairement émaillé de citations des plus grands, parmi lesquels Proust, naturellement (avec un passage de l’Amour de Swann, quand le narrateur attend avec impatience la venue de sa mère avant de s’endormir, ce célèbre passage qu’annonce « Longtemps je me suis couché de bonne heure. »).

Je sais que je procéderais différemment aujourd’hui pour écrire la Peur, mais pénétrer le sujet en s’enfonçant dans le mot, et ses labyrinthes sémantiques, étymologiques et sonores, m’apparaît encore d’une grande richesse.


Cet article n’est qu’une ébauche, il sera très certainement complété dans les jours et les semaines qui viennent.