Personne ne sait ce qui s’est passé, comment c’est arrivé, ni pourquoi. Un jour, tout le monde s’était mis à boiter. Comme ça, du jour au lendemain, de droite ou de gauche sans distinction, on s’était levé un matin et, sans effort ni douleur, on boitait, comme si on avait fait ça toute notre vie. Au bout de quelques semaines, toutefois, plus personne ne s’en étonnait, on acceptait ça comme une nouvelle normalité, c’est tout — un tour de plus que la vie nous jouait, comme l’appendice ou le (…)
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Articles les plus récents
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« With a limp »
16 juin 2009, par Jérémie Szpirglas -
Plaisir d’écrire
13 juin 2009, par Jérémie SzpirglasRetour sur un travail ébauché — plaisir d’écrire, plaisir de cette sensation de ne plus pouvoir s’arrêter d’écrire, de ne pas vouloir interrompre ce flux qui shunte l’arc synaptique par un sommeil malvenu, tragique de ces nécessités physiques, de ces urgences absurdes qui font venir les larmes pour un rien, intensité exacerbée du sentiment qu’on veut à tous prix éviter de retrouver sur la page — s’éloigner du pathos, se rapprocher de la distance, écrire au loin de soi, écrire cet éclair de (…)
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J&C (suite)
11 juin 2009, par Jérémie SzpirglasSuite.
Il ne s’est jamais réellement posé la question de quand ou comment ça arriverait. (Comme tout le monde aujourd’hui,) il est tellement persuadé que ça n’arrivera justement jamais, qu’il ne parviendra pas à surmonter sa peur, cette timidité exquise qu’il éprouve auprès d’elle (femme accomplie et décidée — sait ce qu’elle veut et hésite peu pour l’obtenir), cette fidélité aussi, cette amitié absolue qu’il éprouve pour ce maître tout aussi absolu qui a bien voulu le prendre (lui, qui (…) -
Paris — 8 juin 2009 — 5 h 30
9 juin 2009, par Jérémie SzpirglasLa terre lève le soleil, ça a l’air facile, comme si elle le faisait tous les jours. Et pourtant, ce n’est pas rien.
Dans le bleu pâle qui s’annonce, le moindre immeuble — la carcasse vide et décharnée d’un chantier — prend des airs de noblesse et d’éternité — nul besoin d’allure pour avoir la fierté.
Les lumières jaunes et blanches sont éteintes, les fenêtres sont encore neutres.
Il est un moment, dans ce demi-jour, dans cette aube précoce, quelques minutes à peine, où la ville (…) -
Sans-Titre XVIII
29 mai 2009, par Jérémie SzpirglasL’air vibre, tout autour de moi.
Les gestes sont hachés, frénétiques.
Les mots manquent, trébuchent.
Je bégaye, pour la première fois.
Les muscles convulsent, Parkinson n’est pas loin, crispations et tics.
Je bredouille, les syllabes qui viennent sont les mêmes que je babillais enfant, avec des m et du nasal.
La coordination fait soudain défaut, je tomberais à chaque pas. -
Pathos
26 mai 2009, par Jérémie SzpirglasÇa y est.
Il est là.
Il envahit la salle.
L’air en est saturé.
Une torpeur larmoyante nous avale. Tout rond.
Comme une tortue sur le dos, le combat est désespéré, ridicule, risible, perdu d’avance.
On ne pourra y résister, sauf à s’engoncer dans l’armure qu’on aura préparée au préalable, et qui, si du moins elle est suffisamment hermétique, parviendra peut-être à protéger, à abstraire des autres qui communient et vibrent de leurs cinq sens — on les voit, on pourrait, dans (…) -
Les mots des maux
20 mai 2009, par Jérémie Szpirglasversion bêta 7.1
mot — sursaut — les poils se hérissent — les dents crissent — les orteils se crispent — tout le corps se tend — le temps se contracte — le temps se fige — maux Remonter à la racine du mot pour voir émerger la racine des maux Pour quelques mots seulement — et quel pouvoir ont ces mots — sont sur moi ceux de Zeus, coup de tonnerre, ciel qui tombe sur la tête — roule et gronde, roule et gronde encore.
Et puis son petit air de commisération quand elle les a laissé tomber, (…) -
Perdu
19 mai 2009, par Jérémie SzpirglasSe mettre en situation d’étranger, ne plus parler, ne plus comprendre la langue, à l’exception de quelques mots, plongée dans un univers de langage plus opaque encore que d’habitude. Quelques mots flottent à la surface auxquels on essaie à toute force de se rattraper, de se raccrocher, pour ne pas être emporté par la vague déferlante de la phrase. Mot, réduit à la syllabe, qui s’évanouit aussitôt, qu’on ne reverra pas, autour duquel on s’efforce d’organiser les quelques rares phonèmes qu’on (…)
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[...]
17 mai 2009, par Jérémie Szpirglaschapelle enterrée, caveau, entrée de catacombes, ordres d’état-major, messages, langages obscurs, incertitude sémantique, glissement de sens, abîmes de sens, vérités, secrets, private jokes, ouvert à tous, fermé à tout, fourberie, fuite, cachette, évasion, blanchiment, accords, anonyme, réseau solitaire, intelligence, énigmatique, spooky, mystérieux, communication non communicante, beau ténébreux, charme, envoûtement, ensorcellement, philtre, recette, sensuel, sexuel, jouissif, bonheur, (…)
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Le soupir
15 mai 2009, par Jérémie SzpirglasEst-ce bien elle qui a soupiré ? Je n’en suis pas certain — j’étais avec lui, dans le couloir, j’essayais de lire dans ses yeux ses intentions, ses hésitations, reconnaître cette mélodie qui rengaine, enchaîne et embourbe son esprit avant que sa main ne se pose sur le bouton de cuivre de la porte.
D’entre les pages manuscrites couvertes de portées de notes fines et nerveuses, un feuillet léger comme du papier bible s’est échappé entre ses doigts. Ce n’est qu’une esquisse, une ébauche, deux (…)