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Lundi 4 mai

Kaléidoscope onirique

lundi 4 mai 2020, par Jérémie Szpirglas

Cette nuit, sommeil tout à la fois léger, agité, morcelé — bref, pas très bon. Avec à la clef un monceau de bribes oniriques qui doivent certainement reconstituer un tout, mais que je n’arrive pas à distinguer pour l’heure. En voici quelques fragments, ceux dont je me souviens le mieux :
— vers 1h30-2h du matin : me voilà engagé dans une randonnée (à ski ? à pied ? peut-être un peu des deux) sur des pentes enneigées et crevassées. Je ne sais pourquoi, le nom de Villard-de-Lans me revient. Quelques remontées mécaniques à l’arrêt, dont deux imposants télécabines. L’un d’eux est véritablement gigantesque et traverse toute la vallée de part en part. Mes parents se disputent. Ma mère reproche à mon père de ne pas me laisser davantage de liberté et d’initiative, elle voudrait qu’il accepte que je fasse plus de choses par moi-même je ne peux à présent m’empêcher de penser qu’il s’agit là plus de mon fils aîné que de moi. Les quelques stations de ski (barres d’immeuble immenses, qui se fondent dans la pente comme si elles en faisaient partie) sont à l’abandon. Nous escaladons jusqu’à la crête, je peux contempler la vallée.
— vers 3h du matin : saisir sa chance. Quelque chose à propos d’un livre écrit ou à écrire.
— vers 4h du matin : une redite de ma remontrance du dîner à mon fils.
— vers 5h du matin : Orphée joyeux aux enfers. Bizarre.
— vers 6h30 du matin, interrompu par le lever précoce de mon cadet : nous faisons une promenade touristique en famille dans une ville qui est annoncée comme Moscou, mais qui n’a que peu à voir avec la capitale russe à la réflexion, ce serait davantage un mix entre une cité moyen-orientale et mitteleuropa, une sorte de Tanger ouverte à toutes les influences architecturales. Nombreuses pentes, maisons de pierres blanches, des pubs importés de la Nouvelle Angleterre, quelques pointes de verdure jaunie par un soleil persistant. La ville toute entière semble à l’arrêt pour célébrer une cérémonie en honneur de la famille royale britannique. Dans des parcs aux allures sereines cimetières, des foules entières immobiles, toutes habillées de noir brillant (comme si leurs habits étaient tous cousus dans ce cuir noir brillant dont sont faits les souliers de petite fille, de ceux qui ont l’air de faire mal aux pieds), assistent à cette liturgie étrange, qui met en scène une cantatrice chantant, agenouillée sur le sol, ce qui ressemble à un air de Purcell : « Let me bleed/weep ». Ça pleure à en mouiller l’humus. Ailleurs dans la ville, deux vaisseaux sortis de l’eau, du XVe et du XVIIIe siècle le HMS Victory ? Celui du XVe, aux allures de caravelle à deux mats très hauts (ils dépassent les toits des immeubles) sur lesquels flottent d’innombrables fanions, est à l’entrée d’un parc, au pied d’un montagne, qui n’est autre que le Mont des Oliviers. Montant sur les flancs du mont, jusqu’à son sommet : un télésiège. Ce n’est pas la première fois que je rêve d’un télésiège sur le Mont des Oliviers — bizarre — et ça me renvoie à mon rêve du début de nuit — encore plus bizarre.